Meurtrier. Sanguinaire. Barbare. Les pires épithètes ont été accolées à Al-Qaïda au fil des ans, mais l'administration Obama a innové cette semaine en utilisant un qualificatif étonnant pour décrire un réseau terroriste dont les victimes sont issues de tous les continents et religions : raciste.

«Al-Qaïda et les groupes qu'ils inspirent, comme les shebab, n'accordent aucune valeur à la vie des Africains», a déclaré mardi un haut responsable américain sous le couvert de l'anonymat. Les shebab sont ces insurgés somaliens qui ont revendiqué le double attentat meurtrier de Kampala, capitale de l'Ouganda, où 76 personnes ont été tuées dimanche alors qu'elles étaient rassemblées dans deux restaurants pour regarder la finale de la Coupe du monde de football.

«En bref, Al-Qaïda est une organisation raciste qui traite les Noirs africains comme de la chair à canon et qui ne respecte pas la vie», a ajouté ce responsable, peu après que Barack Obama eut accordé une entrevue sur ce sujet à la télévision sud-africaine.

Dans cette interview, le président américain a également estimé que les groupes comme les shebab n'ont aucune considération pour les Africains. «Ce qui est frappant dans les déclarations de ces organisations terroristes, c'est qu'elles considèrent que la vie d'un Africain n'a aucune valeur», a déclaré le chef de la Maison-Blanche.

Pour ces groupes, l'Afrique «n'est qu'un endroit où mener des luttes idéologiques qui tuent des innocents, sans égard aux conséquences à long terme que peuvent avoir des gains tactiques immédiats», a-t-il ajouté.

L'administration Obama a justifié ces propos sur Al-Qaïda et ses alliés en évoquant notamment les attentats de 1998 contre les ambassades américaines au Kenya et en Tanzanie, qui avaient tué des centaines d'Africains.

Le choix des kamikazes

Toujours sous le couvert de l'anonymat, un autre haut responsable américain a indiqué qu'Al-Qaïda choisissait souvent ses kamikazes parmi les Noirs africains, ceux-ci étant apparemment plus faciles à recruter que les Arabes en raison des conditions sociales et économiques difficiles dans le continent africain.

Selon les services de renseignement américains, des recrues africaines d'Al-Qaïda ont affirmé que le réseau manifestait du racisme envers ses membres de l'Afrique occidentale et ne recourait à leurs services que pour des opérations de bas niveau.

Le fait que l'administration Obama ait qualifié Al-Qaïda de raciste a irrité certains tenants de la droite aux États-Unis. Sur le site internet de l'hebdomadaire conservateur Commentary, Jennifer Rubin a condamné «l'obsession raciale» du président, alors qu'un site concurrent a publié ce titre sarcastique : «Obama trouve enfin une raison de haïr Al-Qaïda».