Un des dix suspects d'espionnage arrêtés aux États-Unis a avoué qu'il travaillait pour la Russie, selon des documents judiciaires publiés jeudi, au moment où les accusés comparaissaient pour tenter d'obtenir une mise en liberté provisoire.

Un suspect présenté sous le nom de «Juan Lazaro» et arrêté dimanche comme neuf autres personnes, a reconnu avoir travaillé pour le Service de renseignement extérieur russe (SVR). Cet aveu apparaît dans une lettre envoyée par le ministère public américain à un juge pour le convaincre de maintenir le suspect en détention.

Dans cette lettre, l'accusation affirme que Juan Lazaro a reconnu, dans une «longue déposition après son arrestation», qu'il travaillait pour le «Service», abréviation utilisée dans les documents judiciaires pour désigner le SVR, successeur de la mythique Première direction générale du KGB soviétique.

L'homme a ajouté que «Juan Lazaro» n'était pas son vrai nom, mais il a refusé de donner sa véritable identité, selon ce document. Il a ajouté qu'il n'était en fait pas né en Uruguay et qu'il «ne renierait pas (sa) loyauté envers le Service, même pour (sauver) son fils».

«Lazaro» a également déclaré qu'un autre suspect, la journaliste péruvienne Vicky Pelaez, avait transmis des informations pour son compte au SVR, et que la maison qu'ils partageaient près de New York était payée par leurs supérieurs russes, toujours selon ce document.

Le couple, ainsi que deux autres suspects, devaient comparaître en fin de journée à New York pour être fixés sur leur détention. Lundi, le juge avait ordonné leur maintien en détention, arguant d'un «risque de fuite».

Aucun des dix suspects n'a encore été inculpé formellement d'espionnage. Une jeune femme d'affaires russe, Anna Chapman, poursuivie également à New York, est la seule dont la nationalité semble confirmée à ce jour.

Un onzième homme, Christopher Robert Metsos, a été arrêté à Chypre, puis libéré sous caution, mais les autorités de l'île ont perdu sa trace. Le département d'État s'est dit «déçu» jeudi par la manière dont Chypre a géré cette affaire, qui ne devrait pas inciter la justice américaine à accorder des mises en liberté sous caution.

À Alexandria, près de Washington, et à Boston (nord-est), la justice a reporté des audiences prévues jeudi pour examiner des demandes concernant cinq des suspects, qui restent donc en détention. Sur le fond, une première audience a été fixée au 27 juillet, uniquement pour les cinq suspects poursuivis à New York.

Le FBI accuse les onze personnes d'avoir travaillé, pour certaines depuis des décennies, au profit de la Russie.

Le FBI affirme avoir mené cette enquête depuis près de 10 ans, mais rien n'a encore filtré quant à l'importance des informations fournies par ces agents présumés, qui étaient chargés, selon les plaintes déposées aux greffes des tribunaux, «d'infiltrer des cercles de pouvoir».

Moscou et Washington ont multiplié les déclarations affirmant que l'embellie que connaissent leurs relations n'était pas menacée et qu'aucun diplomate russe n'allait être expulsé.