Les habitants de la commune tranquille de Yonkers, dans la grande banlieue de New York, ont appris avec stupeur que deux de leurs voisins avaient été arrêtés dimanche pour espionnage au profit de la Russie.

Un couple de Péruviens, Juan Lazaro et son épouse Vicky Pelaez, journaliste au quotidien new-yorkais en langue espagnole Diario de la Prensa, ont comparu lundi devant un juge fédéral à New York, qui ne les a pas inculpés mais a ordonné leur maintien en détention provisoire.

Le couple fait partie d'un groupe de dix personnes arrêtées dimanche soir et soupçonnées par le FBI (police fédérale) de faire partie d'un réseau d'espionnage au profit de la Russie.

Âgés d'environ 45 ans, l'homme et la femme vivaient depuis plus de vingt ans au 17 Clifton Avenue à Yonkers, une ville de 200 000 habitants non loin des rives de l'Hudson, selon le département de la Justice.

Dans la petite rue tranquille, plusieurs voisins s'arrêtent devant le domicile du couple: une maisonnette de deux étages au premier étage en briques rouges, la partie supérieure peinte en rose. La pelouse est ponctuée de buissons et d'arbustes.

«Il n'y avait rien d'étrange dans leur comportement. C'étaient des voisins agréables et polis, "bonjour comment allez-vous", rien qui attire l'attention si ce n'est leurs deux chiens qui aboyaient toute la nuit», rapporte Jonathan Kroll, 39 ans, administrateur scolaire de son état. «Ça, c'était un peu dérangeant», reconnaît-il.

«C'est vraiment bizarre, on pense que les gens vivent tranquillement chez eux comme nous, et puis en fait il se passe tant de choses folles», ajoute-t-il.

Juan Lazaro «avait dit à ses voisins qu'il était professeur d'économie», poursuit M. Kroll, qui souligne que les deux enfants du couple n'étaient pas avec leurs parents au moment de l'arrestation.

À l'intérieur, des micros avaient été placés depuis plusieurs années et les autorités américaines enregistraient «des communications et des transmissions radio avec Moscou», selon la plainte déposée au greffe du tribunal du district sud de Manhattan.

«Je suis passé dimanche soir et j'ai vu des hommes du FBI aller et venir, ils ont passé une bonne partie de la nuit, sans doute même toute la nuit, ils portaient des cartons qu'ils ont mis dans une camionnette, des preuves sans doute», ajoute le voisin.

La plainte déposée par le FBI évoque messages codés, argent remis en espèces par des émissaires russes au cours de séjours dans des pays d'Amérique Latine, allers-retours pour Moscou via Rome, faux passeports, transport et remise d'ordinateurs portables, rencontres furtives dans des gares ou des parcs, tous les éléments du roman d'espionnage.