Le sénateur démocrate Robert Byrd, détenteur du record de longévité au Congrès des Etats-Unis, est décédé lundi à l'âge de 92 ans, réduisant la majorité du président Obama au moment où il tente de faire adopter une importante réforme de la réglementation financière.

Robert Byrd était le doyen du Congrès américain où il a siégé pendant plus de 57 ans sous 12 présidents. En novembre, il avait battu le record de longévité au Congrès détenu par le sénateur Carl Hayden (1912-1969) avec 56 ans et 319 jours.

> Réagissez sur le blogue de Richard Hétu 

Le sénateur de Virginie occidentale avait été hospitalisé dans les environs de Washington en fin de semaine dernière après avoir souffert de déshydratation et d'épuisement, avait indiqué son bureau dimanche. Ses médecins avaient alors jugé qu'il était «gravement malade».

Sénateur depuis janvier 1959, il avait auparavant été élu à la Chambre des représentants où il était entré en janvier 1953, au moment où le président Harry Truman laissait les clés de la Maison Blanche à Dwight Eisenhower.

Figure du parti démocrate, Robert Byrd avait été l'un des soutiens de Barack Obama pendant la campagne présidentielle de 2008. Son décès ramène à 58 sièges sur 100 la majorité dont disposent au Sénat les démocrates et leurs deux alliés indépendants. Avec 41 sièges, les républicains disposent eux d'une minorité de blocage qui peut empêcher de clôturer les débats et de voter sur un texte.

Le Sénat était censé voter mardi sur le projet de réforme de la réglementation financière qui a fait l'objet d'un accord sur un texte final vendredi avec la Chambre des représentants.

La disparition du sénateur va obliger les démocrates à manoeuvrer dans l'espoir de recueillir des soutiens républicains pour ce texte voulu par M. Obama afin d'empêcher une réédition de la crise de l'automne 2008.

Le gouverneur de Virginie occidentale pourrait nommer un successeur à Robert Byrd, mais il n'est pas certain qu'il puisse siéger avant la fin de la session parlementaire cette semaine.

En attendant, l'ensemble de la classe politique a rendu hommage au défunt.

«Les habitants de Virginie occidentale ont perdu un vrai défenseur, le Sénat des Etats-Unis a perdu une institution vénérable et l'Amérique a perdu une voix de principes et de raison», a estimé M. Obama. Robert Byrd «avait le courage de défendre ses principes mais aussi le courage de changer d'avis avec le temps», a ajouté le président.

Robert Byrd avait en effet été membre dans sa jeunesse du Ku Klux Klan (KKK), une organisation prônant la supériorité de la race blanche. En 1964, comme tous les élus démocrates du Sud alors ségrégationniste, il s'était opposé à la loi sur les droits civiques en faveur des Noirs.

Dans ses mémoires publiés en 2005, il était revenu sur son passé de militant du KKK et avait présenté des excuses pour cette «extraordinaire idiotie». Il était devenu un partisan acharné des droits des Noirs et avait soutenu avec enthousiasme la campagne présidentielle de Barack Obama.

Elu à neuf reprises au Sénat, où il aura voté plus de 18 500 fois, Robert Byrd ponctuait ses discours de citations de la Bible, de Shakespeare et de la constitution américaine, dont il avait toujours une copie dans a poche. «Il n'était pas seulement le doyen du Sénat, il en était le coeur et l'âme», a observé la secrétaire d'Etat Hillary Clinton.