L'absence de tabou homosexuel dans les armées de 25 pays alliés des États-Unis ne nuit pas à la cohésion au sein de leurs unités, souligne une étude qui paraît au moment où la Chambre des représentants américaine vient de voter en faveur de la levée d'un tel tabou.

Depuis 1993, la loi baptisée Don't Ask, Don't Tell («ne rien demander, ne rien dire») interdit aux soldats américains de dévoiler leur homosexualité sous peine d'être renvoyés.

Mais la semaine dernière la Chambre des représentants et la commission de la Défense du Sénat ont approuvé un texte prévoyant l'abrogation de cette loi, qui ne sera toutefois effective qu'après une évaluation complète par le Pentagone sur les moyens de la mettre en oeuvre.

Elle nécessitera aussi l'accord final du secrétaire à la Défense Robert Gates, ainsi que celui des officiers de haut rang et du président Barack Obama.

L'étude du centre de réflexion Brookings Institution de Washington révèle que la levée depuis 1993 du tabou homosexuel dans les armées de 25 pays, dont des pays de l'Otan, n'a pas conduit à une augmentation des agressions sexuelles, de la violence ou des actes de harcèlement, ni nui à la cohésion des unités.

«Il est frappant de voir que l'on a une expérience quasi universelle à travers ces 25 pays», a dit mercredi à l'AFP le co-auteur de l'étude Peter Singer.

«Avec un peu de chance, cela apporte une indication» aux responsables américains, élus et hauts gradés qui se penchent sur la question de l'abrogation de la loi Don't Ask, Don't Tell, a-t-il ajouté.

Le chef d'état-major interarmées des Etats-Unis, l'amiral Michael Mullen, est partisan de l'abrogation de cette loi, mais veut être certain que cela ne nuirait pas «à la cohésion des unités, à la préparation, au recrutement et au maintien» des effectifs.

L'étude, présentée le mois dernier lors d'un forum dédié à cette question, réunit des données provenant notamment des armées de l'Australie, de la Grande-Bretagne, du Canada, d'Israël, des Pays-Bas et de la Suède.

En Australie, malgré un débat fort animé sur la levée du tabou homosexuel dans l'armée, celle-ci a constitué un «non-événement et continue de l'être», a estimé le général australien à la retraite Simon Willis lors du forum.

Le général Walter Semianiw, un ancien commandant des forces canadiennes déployées en Afghanistan, a abondé dans son sens lors de la rencontre: «Rétrospectivement, il n'y a eu que peu pour ne pas dire aucun obstacle. Les gens n'ont pas quitté l'armée canadienne, ils ont juste poursuivi leur travail avec la nouvelle loi».

«Alors qu'il y avait des inquiétudes à propos d'une perte de cohésion au sein des unités (avant la levée du tabou homosexuel, ndlr), tous les officiers présents (au forum, ndlr) ont dit comment aucun n'avait été concerné par des problèmes après sa mise en place», indique l'étude.

Le débat sur la question promet toutefois d'être féroce au Sénat américain où les opposants à cette loi sont nombreux.