«Nous allons persévérer», a déclaré le président américain Barack Obama, en visite vendredi en Louisiane afin de constater les efforts entrepris pour lutter contre la marée noire dans le Golfe du Mexique, une «terrible catastrophe».

Le chef de la Maison-Blanche, qui effectuait son deuxième déplacement dans la région depuis l'explosion de la plate-forme pétrolière le 20 avril dernier, a promis aux habitants des côtes mazoutées qu'ils ne seraient «pas abandonnés».

Barack Obama est arrivé en milieu de journée à l'aéroport de La Nouvelle Orléans. Accompagné du commandant des garde-côtes, l'amiral Thad Allen, il s'est rendu à Port Fourchon, une des rares plages de sable de la côte de la Louisiane. Des barrières anti-pollution et des sacs de sable y ont été disposés pour tenter de bloquer le pétrole du puits, qui continue de fuir à 1500m au fond de l'eau, à environ 80km au large de la Louisiane.

En hélicoptère, suivant le trajet effectué par Barack Obama entre La Nouvelle Orléans et Port Fourchon, on ne voyait pas de pétrole à la surface de l'eau. Mais les hydrocarbures sont bien là, infiltrant le complexe réseau de bayous, marais et étendues d'eau de la Louisiane, mettant en danger un écosystème particulièrement riche.

Une fois à Port Fourchon, sur la plage, Barack Obama a pu constater de visu la présence du pétrole. Le président a demandé aux journalistes qui l'accompagnaient dans son déplacement de venir voir. «Voilà les galettes de pétrole dont ils parlent», a-t-il dit.

Barack Obama s'est ensuite rendu à Grand Isle, non loin de là, pour un bilan de la situation avec l'amiral Allen, en présence des gouverneurs de la Louisiane, de Floride et d'Alabama, États situés le long du golfe du Mexique et concernés au premier chef par la marée noire.

«C'est une attaque contre nos rivages, contre nos concitoyens, contre l'économie locale», a déploré Barack Obama. «Les gens voient leur gagne-pain s'échouer sur la plage».

Tandis que plus de 20 000 personnes travaillent à contenir ou à nettoyer la pollution, le président a annoncé qu'il triplait cette main-d'oeuvre aux endroits où le pétrole est arrivé, ou est sur le point d'arriver. «C'est notre plus grande priorité et cela mérite une réaction à la hauteur de la tâche», a-t-il souligné.

«Je suis ici pour vous dire que vous n'êtes pas seuls», a-t-il lancé aux habitants des régions sinistrées. «Vous ne serez pas abandonnés», a-t-il poursuivi. «Les médias peuvent se lasser de cette histoire mais nous ne le ferons pas. Nous serons à vos côtés et nous mènerons les opérations terme».

Il a invité les bénévoles à se joindre aux efforts de nettoyage, tout en appelant les touristes à venir séjourner sur les côtes épargnées par la pollution. «L'une des façons les plus fortes dont vous pouvez aider le golfe maintenant, c'est de visiter la côte», a-t-il dit.

Pendant ce temps, les techniciens de BP continuaient d'injecter des boues épaisses sous pression pour tenter de colmater la fuite. Selon l'amiral Allen, la boue a fait redescendre le pétrole dans la canalisation, mais le puits n'est pas totalement colmaté pour le moment. Le PDG de BP, Tony Hayward, a déclaré vendredi qu'il faudrait attendre environ 48 heures avant de savoir si l'opération est, ou non, un succès.

Selon les dernières estimations rendues publiques jeudi par l'Institut géologique américain, la marée noire est désormais la pire jamais connue aux États-Unis et dépasse en ampleur celle provoquée en 1989 par le naufrage du pétrolier Exxon Valdez dans l'Alaska.

D'après la directrice de l'Institut Marcia McNutt, deux équipes distinctes de scientifiques utilisant des méthodes d'évaluation différentes ont calculé que la conduite endommagée le 20 avril laissait s'échapper au moins 1,9 million de litres par jour. La fuite, ajoute-t-elle, pourrait même atteindre 3,8 millions de litres/jour.

Au total, selon les estimations les plus modestes, ce sont quelque 72 millions de litres de pétrole qui se sont déversés depuis cinq semaines. En 1989, 42 millions de litres s'étaient répandus après le naufrage de l'Exxon Valdez sur les côtes de l'Alaska.