BP a estimé vendredi qu'il faudrait attendre au moins jusqu'à dimanche avant de savoir si le puits de pétrole à l'origine d'une marée noire au sud des États-Unis a été rebouché, alors que le président Barack Obama était attendu sur les plages souillées par le brut.

Il faudra attendre «au moins 48 heures» avant d'avoir une estimation quant à la réussite ou non des différentes opérations de colmatage, a déclaré Tony Hayward, directeur général de BP, l'exploitant de la plateforme à l'origine de la catastrophe.

Il a précisé que des débris avaient été injectés dans le puits dans la nuit de jeudi à vendredi. L'injection à haute pression de ces débris s'inscrit dans le cadre d'une opération délicate lancée mercredi et qui consiste à envoyer dans le puits une solution faite d'eau et de matières solides. Une fois que le flux de pétrole aura été stoppé grâce à l'injection de cette «boue», il s'agira de cimenter la source.

Plus tard dans la journée, BP devait recommencer à injecter de la boue dans le puits. «Manifestement, lorsque nous injectons de la boue, il n'y a pas de pétrole ni de gaz qui se déversent dans la mer», a souligné M. Hayward.

Le président Obama, qui a reconnu jeudi que la fuite de brut constituait la pire marée noire de l'histoire des États-Unis, devait effectuer dans la journée une visite de trois heures en Louisiane, État du sud du pays le plus touché par la catastrophe, avec quelque 160 km de côtes souillées.

Le président Obama devrait s'entretenir avec le chef des garde-côtes coordonnant les opérations sur place, l'amiral Thad Allen, et faire une déclaration à la presse.

Le groupe pétrolier britannique a indiqué que la marée noire lui avait déjà coûté environ 930 millions de dollars (750 millions d'euros).

La directrice de l'Agence américaine de l'Environnement (EPA), Lisa Jackson, a annoncé devant le Congrès que BP utilisait désormais moins de produits chimiques pour disperser le pétrole. La semaine dernière, l'EPÀ et les garde-côtes avaient exigé que BP utilise des dispersants moins toxiques.

Le pétrole s'est répandu dans les eaux du Golfe à un rythme de 2 à 3 millions de litres par jour depuis le naufrage le 22 avril de la plateforme pétrolière Deepwater Horizon, selon un groupe d'experts mandaté par l'administration américaine, soit un rythme trois à quatre fois supérieur à ce qui avait été estimé jusqu'ici.

Jeudi, les autorités américaines ont approuvé en partie la proposition de la Louisiane d'ériger une île artificielle --six segments totalisant 72 km-- qui pourrait empêcher le pétrole d'arriver sur les côtes. Une construction plus ambitieuse dépendrait des résultats de cet essai.

M. Obama a profité d'une conférence de presse jeudi pour défendre sa gestion de la crise, au moment où son administration est accusée d'avoir tardé à réagir et d'être à la remorque de BP.

Interrogé sur la nouvelle estimation du volume de la fuite, il s'est demandé si le groupe avait été «complètement honnête sur l'ampleur des dégâts».

Devant l'émotion provoquée par la marée noire, le président a annoncé la suspension de tous les nouveaux projets d'exploration pétrolière en mer. Et il a estimé que la marée noire soulignait «la nécessité urgente» de développer les sources d'énergie renouvelables.

L'Union européenne a annoncé vendredi l'envoi aux États-Unis d'équipements spécialisés dans la récupération de pétrole.