Barack Obama a nommé Elena Kagan à la Cour suprême des États-Unis. Même si elle a connu une carrière brillante, son choix ne fait pas l'unanimité et reflète le clivage entre démocrates et républicains.

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Un an après avoir nommé le premier juge hispanique à la Cour suprême des États-Unis, Barack Obama pourrait créer un nouveau précédent en faisant passer de deux à trois le nombre de femmes siégeant parmi les sages de la plus haute juridiction américaine.

Désignée pour remplacer le juge John Paul Stevens, Elena Kagan ira rejoindre Sonia Sotomayor, la première femme nommée par le président Obama à la Cour suprême, et Ruth Bader Ginsburg, si le Sénat vote en faveur de sa confirmation, un scénario probable.

La première femme juge à la Cour suprême, Sandra Day O'Connor, a siégé aux côtés de la juge Ginsburg d'août 1993 jusqu'à sa retraite, en janvier 2006.

Âgée de 50 ans, Elena Kagan était depuis l'entrée en fonction du président Obama l'avocate principale de l'administration auprès de la Cour suprême. Ancienne doyenne de la faculté de droit de Harvard et conseillère de Bill Clinton, cette native de New York deviendrait la benjamine de la Cour, où elle pourrait exercer une influence aussi durable que celle du juge Stevens, qui prendra sa retraite le mois prochain après 35 ans dans l'institution.

«Si l'on ne peut pas avoir la présomption de remplacer la sagesse ou l'expérience du juge Stevens, j'ai sélectionné une candidate qui, à mon avis, personnifie la même excellence, la même indépendance, la même intégrité et la même passion pour la loi, et qui pourra en fin de compte avoir le même genre d'influence déterminante à la Cour», a déclaré hier le président Obama.

«Elena est considérée comme l'un des esprits juridiques les plus brillants du pays», a-t-il ajouté en pressant le Sénat de procéder rapidement à la confirmation de sa candidate, qu'il a qualifiée d'«amie» et de «pionnière».

Les deux ont enseigné le droit à l'Université de Chicago.

Tout en promettant de traiter Elena Kagan avec respect, plusieurs sénateurs républicains ont formulé des critiques concernant sa feuille de route. Même si la candidate du président Obama a fait une brillante carrière universitaire après des études à Princeton, à Oxford et à Harvard, elle n'a jamais été juge, contrairement à tous ceux qui ont accédé à la Cour suprême depuis 1972.

«Mme Kagan constitue un choix surprenant en raison de son manque d'expérience judiciaire», a déclaré le sénateur du Texas, John Cornyn. «La plupart des Américains pensent qu'une expérience judiciaire est nécessaire pour devenir juge à la Cour suprême.»

Forts de leurs 41 sièges au Sénat, les républicains peuvent en principe bloquer le processus de confirmation d'Elena Kagan. À l'heure actuelle, ce scénario paraît peu probable.

Considérée comme modérée ou pragmatique, Elena Kagan ne fait pas l'unanimité chez les progressistes, qui lui reprochent notamment son soutien à un renforcement des pouvoirs de l'exécutif. De leur côté, les conservateurs dénoncent sa décision d'interdire brièvement l'accès de la faculté de droit de Harvard aux recruteurs de l'armée américaine en raison de la politique discriminatoire de cette institution envers les soldats ouvertement homosexuels.

En nommant Elena Kagan à la Cour suprême, Barack Obama a souligné sa capacité de «bâtir le consensus». Selon plusieurs experts, le président espère qu'elle convaincra le juge Anthony Kennedy de se joindre à l'aile progressiste de la Cour dans certains dossiers, comme il l'a fait à des moments importants au fil des années.

Tout en se disant «honorée» par sa nomination, Elena Kagan a évoqué avec émotion la mémoire de ses parents, «deux enfants d'immigrés» aujourd'hui disparus.

«Mon père était le genre d'avocat qui utilise son talent et sa formation pour représenter les gens ordinaires et améliorer sa communauté. Ma mère était une fière enseignante de l'école publique, comme le sont mes deux frères - le genre d'enseignants dont les élèves se souviennent tout le reste de leur vie», a-t-elle dit.