Le ministre pakistanais de l'Intérieur Rehman Malik a promis samedi d'enquêter, à la demande des Etats-Unis, sur des liens éventuels entre l'homme accusé de l'attentat manqué du 1er mai à New York et des extrémistes des zones tribales du nord-ouest du Pakistan.

«Nous avons reçu aujourd'hui une demande formelle (des autorités américaines) nous donnant quelques détails sur les accusations», a déclaré M. Malik à des journalistes à Islamabad.

Les Américains «pensent que (Faisal) Shahzad (un Américano-Pakistanais inculpé pour l'attentat manqué à New York, ndlr) s'est rendu dans le Sud-Waziristan et a rencontré Qari Hussain et Hakimullah Mehsud. Mais tout cela a besoin d'être confirmé», a dit le ministre, précisant qu'il incombait aux officiers des services de sécurité pakistanais de mener ces investigations.

Hakimullah Mehsud dirige le groupe Tehreek-e-Taliban (TTP, Mouvement des talibans du Pakistan). L'attentat raté à la voiture piégée à Times Square, au coeur de New York, a été revendiqué au nom du TTP dans une vidéo. Mais l'authenticité de cette vidéo a été mise en doute par les autorités américaines. Et le principal porte-parole du TTP a affirmé que son mouvement n'avait aucun lien avec Faisal Shahzad et ne l'avait ni recruté ni entraîné.

Qari Hussain est un chef militaire taliban connu pour entraîner des volontaires pour les attentats suicide.

Le suspect interrogé

Arrêté lundi à bord d'un avion qui allait décoller pour Dubai, Faisal Shahzad, un Pakistanais naturalisé américain depuis un an, âgé de 30 ans, est interrogé sans relâche par les autorités américaines qui tentent de savoir s'il a agi seul ou avec des complicités extérieures.

Les Etats-Unis ont déjà interrogé Islamabad pour tenter de savoir quels contacts le suspect, fils d'un officier des forces aériennes pakistanaises à la retraite, avait au Pakistan et comment ceux-ci auraient pu l'influencer.

Hillary Clinton met en garde le Pakistan

La secrétaire d'Etat Hillary Clinton a prévenu le Pakistan «de conséquences très graves» si un attentat terroriste comme celui de Times Square venait à réussir et s'il était possible de remonter sa trace jusqu'au Pakistan, tout en reconnaissant la coopération croissante des autorités de ce pays en matière de lutte contre le terrorisme.

«Nous avons été très clairs quant au fait que, Dieu nous en garde, si un attentat comme celui-ci, dont nous pourrions faire remonter la trace jusqu'au Pakistan, venait à réussir, il y aurait de très graves conséquences», a déclaré Mme Clinton, selon des extraits diffusés à l'avance de l'émission «60 minutes» programmée dimanche sur la chaîne CBS.

Les autorités pakistanaises se sont engagées à coopérer totalement avec les Etats-Unis dans cette enquête, mais l'armée pakistanaise a indiqué n'avoir pas encore établi de lien entre Shahzad et les repaires rebelles du Waziristan.

D'après la plainte déposée devant la justice américaine, Faisal Shahzad a reconnu avoir reçu fin 2009 un entraînement à la fabrication de bombes au Waziristan, une région tribale pakistanaise frontalière de l'Afghanistan et l'une des bases arrières des rebelles talibans et d'Al-Qaïda.