L'enquête policière n'a pas encore permis de faire toute la lumière sur l'attentat raté à la voiture piégée de Times Square, mais les responsables de l'administration Obama prennent de plus en plus au sérieux l'hypothèse d'un complot aux ramifications internationales impliquant plusieurs personnes.

Selon les médias américains, cette hypothèse repose sur l'analyse des indices recueillis par les policiers de New York et les agents du FBI, qui ont notamment réussi à retracer et à interroger le propriétaire de la voiture piégée, une Nissan Pathfinder 1993. L'individu, qui vit au Connecticut, a admis avoir vendu récemment son véhicule au comptant lors d'une transaction qui n'a pas été enregistrée. Il a décrit l'acheteur comme étant un homme originaire d'un pays de l'Amérique latine ou du Moyen-Orient.

La chaîne ABC a affirmé que les enquêteurs étaient à la recherche d'un américain d'origine pakistanaise ayant séjourné pendant plusieurs mois au Pakistan avant de rentrer récemment aux États-Unis. Il s'agirait de l'acheteur du 4 x 4 qui vit également au Connecticut.

«Ne soyez pas surpris de trouver un lien étranger», a déclaré un responsable des services de renseignement à un membre de l'administration Obama, selon le Washington Post. «On est en train d'examiner des signes révélateurs à cet égard et l'enquête pointe dans cette direction», a-t-il ajouté.

Le Post précise que l'hypothèse de la piste étrangère ne signifie pas que le réseau Al-Qaeda ou une autre organisation semblable ont été impliqués dans l'attentat raté de Times Square.

Une chose est sûre, cependant : l'administration Obama a qualifié pour la première fois lundi de tentative d'acte terroriste l'incident survenu vers 18h30 samedi au coeur de Times Square. Les autorités ont alors découvert une voiture renfermant trois bonbonnes de propane, des feux d'artifice M-88, des bidons d'essence de 19 litres, deux horloges et des sacs d'engrais.

«Je pense que quiconque dispose du type de matériel retrouvé dans la voiture abandonnée à Times Square a l'intention de semer la terreur, a déclaré le porte-parole de la Maison-Blanche, Robert Gibbs. Et je dirais que quiconque agit de la sorte doit être traité de terroriste.»

Les enquêteurs ont poursuivi lundi l'examen des enregistrements de caméras de surveillance et de touristes réalisés samedi soir dans le secteur où se trouvait la voiture piégée. La police de New York prévoit diffuser une vidéo montrant un homme courant vers le nord le long de Broadway au moment où le Pathfinder commence à dégager de la fumée.

Il n'est pas certain que cet homme soit celui qu'on voit dans un autre enregistrement rendu public par la police de New York. Dans cette première vidéo, un Blanc pose son sac à dos sur le trottoir près de la voiture piégée, ôte son chandail et le met dans son sac avant de s'éloigner après avoir jeté plusieurs regards en direction du véhicule.

Même s'il est recherché par la police, cet homme n'est pas encore considéré comme suspect.

«Il peut s'agir d'un témoin. Il peut avoir vu quelque chose. Il peut aussi s'agir d'un suspect. Nous ne le savons pas, a déclaré Janet Napolitano, secrétaire à la Sécurité intérieure, à la chaîne CNN. Ce que nous savons, c'est que nous voudrions être en mesure de l'identifier pour lui parler.»

L'enquête progresse

Eric Holder, ministre de la Justice, est le responsable américain qui a tenu les propos les plus optimistes hier concernant l'enquête.

«Nous avons réalisé des progrès importants», a-t-il dit lors d'une conférence de presse à Washington. «Nous disposons de pistes, dont certaines sont intéressantes», a-t-il ajouté en faisant allusion à la première vidéo diffusée par la police de New York.

Le Pathfinder Nissan était garé à l'angle de la 45e Rue et de Broadway, non loin du siège de la société Viacom, propriétaire de la chaîne Comedy Central, qui diffuse la série de télévision South Park. La police de New York n'a pas écarté la possibilité que l'attentat raté soit lié à la controverse récente entourant cette émission, dont un épisode mettant en scène le prophète Mahomet a été censuré.

Les talibans pakistanais ont revendiqué dimanche l'attentat raté mais les autorités américaines ont accueilli cette annonce avec scepticisme. Elles semblent cependant prendre davantage au sérieux les parallèles entre la tentative ratée de Times Square et le type d'engin explosif utilisé lors des attentats manqués de Glasgow et de Londres, en juin 2007.