La réforme de Wall Street, principal chantier de Barack Obama depuis la promulgation de sa réforme de la santé, a échoué à un premier test au Sénat américain hier.

Lors d'un vote tenu en fin d'après-midi, les républicains ont recouru à une manoeuvre parlementaire appelée filibuster pour empêcher l'ouverture en séance plénière du débat sur la plus vaste réforme de la régulation financière aux États-Unis depuis la Grande Dépression des années 30.

 

La majorité démocrate avait besoin de 60 votes sur 100 pour éviter l'obstruction de l'opposition, qui dispose de 41 voix. Or, celle-ci est restée unie, alors qu'un démocrate, le sénateur du Nebraska Ben Nelson, a voté pour repousser l'ouverture du débat sur le projet de loi.

Au final, 57 sénateurs ont voté en faveur de la motion et 41 s'y sont opposés. Deux sénateurs n'ont pas voté.

Malgré ce contretemps, démocrates et républicains s'entendent pour dire qu'un projet de loi sur la réforme de Wall Street sera adopté dans les prochaines semaines. Le principal négociateur républicain dans ce dossier, le sénateur d'Alabama Richard Shelby, a répété hier que les deux parties étaient «très proches» d'une entente sur un texte bipartite.

Quoi qu'il en soit, les démocrates comptent mettre de nouveau à l'épreuve l'unité des républicains dans les prochains jours.

«Nous sommes toujours disposés à travailler avec les républicains qui veulent sincèrement réformer Wall Street, et nous appelons de nos voeux une entente bipartite dans cet effort important», a déclaré Jim Manley, porte-parole du chef de la majorité démocrate au Sénat. «Mais soyons clair: un vote contre l'ouverture même d'un débat pour rendre Wall Street redevable est un vote pour protéger Wall Street.»

Sondage favorable

Selon le président Obama et ses alliés démocrates au Sénat, la réforme de Wall Street est nécessaire pour empêcher la répétition de la crise financière de 2008. S'il faut se fier à un sondage Washington Post/ABC News publié hier, les Américains soutiennent leur démarche. Pas moins de 65% d'entre eux approuvent en effet un renforcement de la régulation financière.

Conscients de l'impopularité actuelle de Wall Street, les républicains se disent en faveur d'une réforme du système financier. Ils s'opposent cependant à trois propositions démocrates, dont la création d'un fonds de 50 milliards de dollars auquel contribueraient les banques afin de permettre la liquidation ordonnée des établissements financiers en difficulté. Ils expriment également des réserves au sujet de la mise en place d'une nouvelle agence de protection des consommateurs. Et ils émettent des doutes sur les mécanismes proposés par les démocrates pour assurer une meilleure supervision du marché des produits dérivés.

Le vote du Sénat est intervenu à la veille des auditions des plus hauts dirigeants de la banque d'affaires Goldman Sachs, dont le PDG Lloyd Blankfein, et son directeur financier David Viniar, devant une commission sénatoriale. Celle-ci a rendu publics samedi des courriels de Goldman Sachs dans lesquels Blankfein et Viniar, entre autres, se gargarisent des profits réalisés par leur banque à force de spéculer contre le marché immobilier.