L'ancien dictateur panaméen Manuel Noriega a été présenté mardi à un procureur français, quelques heures après son extradition des États-Unis vers la France, qui veut le juger pour blanchiment d'argent de la drogue.

Manuel Noriega avait déjà été jugé en France en 1999 et condamné par défaut à 10 ans de prison. Il devait être présenté mardi dans la journée à un juge des libertés et de la détention, qui devait statuer sur son incarcération dans l'attente d'un nouveau procès que la France doit organiser.

L'ancien homme fort du Panama est arrivé tôt mardi matin à Paris, à bord d'un vol commercial de la compagnie Air France, en provenance de Miami, en Floride.

Il a rapidement été présenté à un procureur qui, comme le prévoit la procédure, lui a signifié un mandat d'arrêt international. Mais il a contesté son extradition.

«Nous allons tout faire pour démontrer que sa place n'est pas en France, que cet homme doit rentrer dans son pays, le Panama, qui d'ailleurs le demande également», a affirmé l'un de ses avocats français, Olivier Metzner.

«Il bénéficie de l'immunité en tant qu'ancien chef de l'État du Panama, nous demandons l'application de cette immunité», a-t-il souligné, estimant donc qu'«il n'a pas à être jugé pour quoi que ce soit en France».

L'avocat a ajouté que Manuel Noriega, «sous traitement médical», était apparu «très affaibli». L'ex-dirigeant panaméen est âgé de 76 ans, selon ses avocats, mais certains documents judiciaires lui donnent deux ans de moins.

Lors de son procès par défaut en 1999, la justice français l'avait reconnu coupable d'avoir blanchi en France plusieurs millions d'euros, présumés provenir du cartel de la drogue de Medellin (Colombie).

Une vingtaine de comptes avaient été ouverts également à Paris et à Marseille (sud) par M. Noriega ou certains de ses proches dans les banques BNP, CIC, le Crédit lyonnais et la Banco do Brazil.

Entendu lors de l'instruction dans sa prison de Miami, Manuel Noriega avait affirmé que l'argent investi en France provenait de sa fortune personnelle et de la CIA, dont il fut un informateur.

Longtemps allié des États-Unis pendant la Guerre froide, il était tombé en disgrâce à Washington pour son implication dans un trafic de stupéfiants.

Il avait été renversé puis capturé en 1989 lors de l'intervention américaine au Panama ordonnée par le président américain George Bush.

L'ancien dictateur de ce pays d'Amérique centrale avait ensuite été condamné à 40 ans de prison aux États-Unis pour trafic de drogue. Placé en détention en Floride, sa peine avait été réduite à 17 ans pour bonne conduite.

Mais quelques jours avant la date prévue pour sa libération, en septembre 2007, un juge fédéral américain avait approuvé son extradition vers Paris.

Et la Cour suprême des États-Unis a refusé le 22 mars la demande de l'ex-homme fort du Panama d'être réentendu, éliminant ainsi son ultime recours contre une extradition.

L'extradition de M. Noriega a été notifiée à la France il y a quinze jours, selon le porte-parole du ministère français de la Justice, Guillaume Didier. L'ordre d'extradition a été signé par la secrétaire d'État, Hillary Clinton, selon le Département d'État américain.

De son côté, le gouvernement panaméen a fait savoir qu'il respectait la décision «souveraine» des États-Unis d'extrader l'ancien dictateur vers la France, tout en demandant qu'il soit rapatrié pour être aussi jugé dans son pays.

Le général Noriega a été condamné au Panama à 54 ans de prison pour son implication dans la disparition et le meurtre d'opposants entre 1968 et 1989.