Pistolets à la ceinture, des dizaines de partisans du port d'arme se sont rassemblés lundi près de Washington pour protester contre le «trop d'État», dont se rend coupable selon eux l'administration Obama.

Certains ont choisi Alexandria, dans la banlieue de Washington, en Virginie, un État qui autorise le port d'armes de poing chargées. D'autres, plus nombreux, sont allés protester, sans armes cette fois, sur l'esplanade centrale du Mall de la capitale fédérale.

«Nous ne manifestons pas pour défendre la légalité des armes mais pour défendre notre liberté, pour restaurer notre Constitution», explique Michael Vanderboegh, un des organisateurs de la manifestation à Alexandria, qui rassemble essentiellement des hommes blancs d'âge mûr.

Au micro, du haut d'un camion, il lance: «Si le gouvernement ne met pas la pédale douce, nous allons vers une guerre civile».

«Avec le passage de la réforme sur l'assurance santé, ils nous disent +faites-cela+ et nous répondons +sûrement pas+», poursuit-il tout en pointant sa canne vers le Capitole qui abrite le Congrès, visible à l'horizon.

En se réunissant le 19 avril, les manifestants, qui reconnaissent ne représenter qu'une petite partie de l'opinion américaine, ont choisi une date symbolique pour l'extrême droite américaine.

C'est ce jour-là en 1993 qu'a eu lieu l'assaut par le FBI du camp de la secte des Davidiens, à Waco (Texas) après 51 jours de siège. Plus de 80 personnes, dont des enfants, avaient trouvé la mort dans l'incendie des bâtiments.

C'est aussi la date, en 1995, de l'attentat mené contre un immeuble fédéral à Oklahoma City par Timothy McVeigh qui avait tué 168 personnes, dans un acte de vengeance par rapport à la tragédie de Waco.

Ces rassemblements interviennent en outre alors que le mécontentement contre la crainte de «trop d'État» mobilise le mouvement conservateur des Tea Party.

Un sondage publié lundi par le Pew Research Center montre que près d'un Américain sur trois voit dans l'État «une menace majeure» pour ses libertés. Seulement 19% des sondés sont «globalement satisfaits» du gouvernement alors que 56% se disent «frustrés» et que 21% affirment être «en colère» contre leur gouvernement. Ce dernier ratio a doublé en dix ans.

En 1958, la première fois que la question avait été posée par le Pew Center, 73% des Américains avaient confiance en leur gouvernement.

Barack Obama «n'est pas mon président. Il piétine nos droits constitutionnels», estime un manifestant, Tim Hammond, de Californie.

À Alexandria, une poignée de contre-manifestants arboraient des panneaux comme «Timothy McVeigh n'est pas un héros».

«Les républicains devraient cesser ces arguments au vitriol. Quiconque utilise ce genre d'événements (comme l'attentat d'Oklahoma City) pour faire son auto-promotion devrait penser à qui sera au gouvernement plus tard», remarque Laura Sonnenmark.

Présent à la manifestation, Paul Helmke, président de l'organisation Brady Campaign, qui milite pour des lois restreignant le port d'armes, déclare: «Je ne veux pas de révolution ni de guerre civile. On a le droit de vote pour apporter le changement dans ce pays».

«Ce qui m'inquiète, ajoute-t-il, c'est cet argument selon lequel il est normal de porter une arme n'importe où. On a déjà beaucoup de violence dans ce pays, si vous ajoutez des armes chargées à ce mélange, cela devient dangereux».