La vision spatiale que le président Barack Obama entend défendre jeudi, dont les grandes lignes ont été dévoilées, vise à calmer la fureur et les inquiétudes suscitées par sa décision d'annuler le programme Constellation, mais les premières réactions sont mitigées.

M. Obama doit se rendre jeudi au Centre Spatial Kennedy près de Cap Canaveral (Floride) pour présenter cette vision après l'annulation de Constellation, qui prévoyait un retour des Américains sur la Lune vers 2020 en prélude à Mars.

La Maison Blanche a publié dès mardi une fiche dans laquelle sont affirmés ses objectifs de vols habités vers des destinations lointaines avec Mars comme objectif final.

Le document affirme que les six milliards de dollars supplémentaires sur cinq ans dans le budget de la Nasa --plus de 19 milliards requis en 2011-- devraient créer 2 500 nouveaux emplois d'ici 2012 au Centre Kennedy qui va perdre jusqu'à 9 000 postes avec la fin des vols de la navette cette année.

Le président a aussi décidé d'avancer le développement d'un lanceur lourd dès 2015 et de conserver une version plus modeste de la capsule Orion, partie de Constellation.

«Tout ceci est très vague et je ne suis pas particulièrement impressionné», a déclaré Bill Posey, un élu républicain de la Chambre des représentants dont la circonscription englobe une partie de la région où se trouve le Centre Kennedy.

«Il ne s'agit pas d'un nouveau plan mais essentiellement du même que celui présenté en février», a-t-il estimé. M. Obama «a seulement changé la couverture et ajouté quelques notes de bas de page», a ajouté cet élu, ancien employé du programme Apollo.

Bill Posey a présenté un projet de loi avec sa collègue démocrate de la circonscription voisine en Floride, Susan Kosmas, pour faire voler la navette plus longtemps afin d'éviter de dépendre plusieurs années des vaisseaux russes Soyouz pour transporter les astronautes américains vers la Station spatiale internationale.

«Ce que dit le président ne fait rien pour combler ce fossé», affirme Bill Posey, accusant aussi M. Obama de ne pas tenir ses promesses électorales d'accélérer le développement de la fusée Ares I dans Constellation --aujourd'hui annulée-- pour prendre la relève des navettes.

Pour John Logsdon, ancien directeur du Space Policy Institute de l'Université George Washington, les éléments révélés par la Maison Blanche «ne représentent que des changements mineurs».

Toutefois, a-t-il dit, «c'est une bonne chose car ils concrétisent davantage» l'approche de M. Obama en donnant une date précise pour le développement du futur lanceur lourd (2015) destiné à l'exploration habitée au-delà de l'orbite terrestre.

Mais «ce qui est très important c'est le fait de voir le président venir au Centre Kennedy présenter en personne sa vision de l'exploration spatiale qui va nous servir de base pour travailler (...) comme cela est arrivé avec Kennedy et le programme Apollo (en 1961) et George W. Bush» avec Constellation en 2004.

Les milieux d'affaires locaux ont réagi avec prudence. «Ma première impression est plus positive que ce que nous avons vu avant», a dit Melissa Stains, présidente de la Chambre de Commerce de CocoaBeach.

Le porte-parole de la Maison Blanche, Robert Gibbs a répondu aux critiques mercredi soulignant que le président «détaillerait en Floride un programme spatial plus ambitieux et plus durable pour l'avenir de l'Amérique».