Les États-Unis, affirmant que la menace du terrorisme nucléaire était «croissante», ont salué la décision à leurs yeux exemplaire de l'Ukraine d'éliminer son stock d'uranium enrichi juste avant l'ouverture lundi à Washington d'un sommet sur la sécurité atomique.

«Al-Qaeda essaie depuis plus de 15 ans de se procurer une arme nucléaire et son intérêt reste fort à l'heure actuelle», a affirmé le conseiller du président Barack Obama pour l'anti-terrorisme, John Brennan, alors qu'une cinquantaine de dirigeants s'apprêtaient à discuter du sujet dans la capitale américaine.

«La menace du terrorisme nucléaire est réelle, elle est grave, elle va croissant», a-t-il encore prévenu.

C'est pour éviter que ce péril se concrétise que lors du sommet de deux jours au palais des Congrès de Washington, M. Obama devait essayer d'obtenir de ses invités qu'ils s'engagent à sécuriser davantage les dépôts de matières fissiles que leurs pays détiennent.

Les stocks mondiaux d'uranium enrichi et de plutonium, les deux ingrédients possibles d'une bombe A, seraient respectivement de 1.600 tonnes et de 500 tonnes.

En prélude, les États-Unis ont enregistré un premier succès avec l'annonce par l'Ukraine qu'elle allait se défaire de son stock d'uranium enrichi, soit 90 kg de cette matière fissile, de quoi fabriquer plusieurs bombes A.

«Aujourd'hui, l'Ukraine a annoncé une décision remarquable de se débarrasser de tous ses stocks d'uranium hautement enrichi d'ici à la tenue du prochain sommet sur la sécurité nucléaire en 2012», s'est félicité le porte-parole de la Maison Blanche Robert Gibbs.

Cette annonce est intervenue à l'issue d'une rencontre entre le président Obama et son homologue ukrainien Viktor Ianoukovitch, l'un des quelque 50 dirigeants conviés à Washington pour cette réunion, dont le président russe Dmitri Medvedev, arrivé lundi dans la capitale américaine.

L'Ukraine s'était déjà débarrassée de l'arsenal nucléaire dont elle avait hérité à la dissolution de l'URSS.

Peu après l'annonce ukrainienne, le Canada a indiqué que de l'uranium hautement enrichi usagé actuellement entreposé dans le pays serait rapatrié aux États-Unis afin d'éviter qu'il ne tombe aux mains de terroristes.

De son côté, le président français Nicolas Sarkozy a affirmé qu'il ne renoncerait pas à l'arme nucléaire «garante de la sécurité» de la France. «Je ne pourrais un jour renoncer à cette arme que dans la mesure où je serais certain que le monde soit stabilisé et en sécurité», a-t-il affirmé.

M. Obama avait défini les enjeux du sommet, le plus important organisé par son pays depuis 1945 par le nombre de participants, en soulignant dimanche que «la plus grande menace contre la sécurité des États-Unis, que ce soit à court, moyen ou long terme, serait la possibilité qu'une organisation terroriste obtienne une arme nucléaire».

Interrogé sur le prochain sommet de 2012 sur la sécurité nucléaire, dont il était fait mention pour la première fois officiellement lundi, M. Gibbs a indiqué qu'il reviendrait sur sa date et sa localisation, mardi, deuxième et dernier jour du sommet de Washington.

De son côté, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a indiqué qu'il allait défendre lors du sommet l'interdiction de produire des matériaux fissiles pour des armes nucléaires, «une étape clé dans le désarmement nucléaire».

Les sanctions contre l'Iran, accusé de vouloir se doter de l'arme ultime, faisaient aussi l'objet de conversations en marge du sommet. Le représentant iranien à l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Ali Asghar Soltanieh, a affirmé lundi que son pays, qui ne sera pas représenté à Washington, ne se sentirait pas lié par ses décisions «connues d'avance».

Beaucoup dépendra de l'attitude de la Chine, jusque là réticente à appuyer un nouveau train de sanctions contre l'Iran. Après un entretien entre Barack Obama et Hu Jintao, Washington a assuré avoir reçu l'accord du président chinois pour travailler à un renforcement des sanctions contre l'Iran.