La Chine a indiqué mardi que les sanctions n'étaient pas la réponse adéquate au défi nucléaire iranien, refroidissant les espoirs de Barack Obama de conclure rapidement un accord pour punir Téhéran, au moment où le président américain accueille un sommet nucléaire à Washington.

Pour enrayer les risques de terrorisme nucléaire, M. Obama devait essayer mardi d'obtenir de ses 46 invités qu'ils s'engagent à sécuriser davantage les dépôts de matières fissiles que leurs pays détiennent.

Mais ce sommet international, ouvert lundi, menace d'être éclipsé par une tension croissante sur l'Iran que Washington et ses alliés accusent de fabriquer secrètement la bombe atomique. Téhéran assure que son programme nucléaire est exclusivement à des fins civiles.

M. Obama a rencontré lundi son homologue chinois Hu Jintao et «les deux présidents sont d'accord pour que leurs délégations travaillent ensemble sur des sanctions» à l'ONU, a affirmé Jeff Bader, conseiller à la Maison-Blanche.

Mais, plus tard, la Chine, un des cinq membres permanents du Conseil de sécurité qui dispose à ce titre d'un droit de veto, a soufflé le froid, en réduisant les espoirs d'un consensus rapide sur de nouvelles sanctions onusiennes contre l'Iran.

«La Chine a toujours soutenu que le dialogue et la négociation sont le meilleur moyen de trouver une solution à ce problème. Les pressions et les sanctions ne peuvent pas le régler fondamentalement», a dit la porte-parole chinoise des Affaires étrangères, Mme Jiang Yu.

Le gouvernement de Téhéran a lui aussi rejeté l'idée que la Chine soutenait désormais la position américaine.

«Nous interprétons de façon différente (...) les commentaires faits après la rencontre entre responsables américains et chinois», a dit le porte-parole iranien des Affaires étrangères Ramin Mehmanparast: «Nous ne considérons pas les commentaires (chinois) comme un (signe d') accord avec les responsables américains et de soutien aux États-Unis pour toute nouvelle mesure injuste».

La semaine dernière, aux Nations unies, des représentants des six pays (États-Unis, Grande-Bretagne, France, Russie, Chine et Allemagne), qui suivent de près le dossier iranien, ont discuté d'un projet de résolution visant à sanctionner les Gardiens de la Révolution et sont convenus de se retrouver bientôt.

Ben Rhodes, conseiller adjoint de M. Obama pour la sécurité nationale, a dit s'attendre à une résolution «ce printemps».

À l'instar de Pékin, la Russie était apparue initialement perplexe sur de nouvelles sanctions, mais s'est ensuite rapprochée de la position américaine.

Cependant, dans une interview à la chaîne de télévision ABC, le président Dmitri Medvedev a dit que des sanctions contre des produits énergétiques iraniens, qui seraient vues d'un bon oeil par certains membres du Congrès américain, pourraient provoquer une catastrophe humanitaire. «Si nous parlons de sanctions énergétiques, je vais vous dire mon opinion: je ne pense pas que sur ce sujet nous ayons une chance d'avoir une opinion commune de la communauté mondiale», a-t-il dit.

En prélude au sommet nucléaire, les États-Unis ont enregistré un premier succès avec l'annonce lundi par l'Ukraine qu'elle allait se défaire de son stock d'uranium enrichi, soit 90 kg de cette matière fissile, de quoi fabriquer plusieurs bombes A.

Canada et Chili ont pris des engagements similaires par rapport à des stocks plus réduits.

De son côté, le Pakistan, seul pays musulman au monde qui soit une puissance atomique déclarée, a cherché à faire taire les inquiétudes sur la possibilité que des extrémistes s'emparent d'armes atomiques.

Le premier ministre pakistanais Yousuf Raza Gilani a assuré que son pays était une «puissance nucléaire responsable», mais a rejeté les appels à cesser la production de matériaux fissiles.