Des violences récentes, qui ont fait quatre blessés par balles en plein coeur de New York, ont mis en lumière un début de recrudescence de la criminalité dans la ville et fait ressurgir le spectre des violences passées.

Des violences récentes, qui ont fait quatre blessés par balles en plein coeur de New York, ont mis en lumière un début de recrudescence de la criminalité dans la ville et fait ressurgir le spectre des violences passées.

Les incidents se sont produits dans trois endroits distincts du centre de Manhattan, aux alentours de Times Square, entre minuit et 3 heures du matin dans la nuit succédant au dimanche de Pâques. Quatre passants ont été hospitalisés et 54 personnes, dont neuf mineurs, ont été arrêtées.

Le maire Michael Bloomberg a fustigé ce qu'il a présenté comme une «nuit d'initiation» à laquelle se livrent traditionnellement chaque année des bandes de jeunes des banlieues environnantes.

Mais, alors que New York se targuait en 2009 d'avoir atteint un record de baisse de la criminalité et d'être devenue la ville la plus sûre des États-Unis, le nombre de meurtres est à nouveau en hausse, et les restrictions budgétaires que subit la police ne risquent pas d'arranger la situation.

«Je suis très inquiète», dit Cydelle Berlin, une psychologue qui s'occupe de jeunes, interrogée dans la rue à Times Square. «Ces déferlements de bandes armées de pistolets sont terribles».

Les statistiques de la police montrent une hausse de 22,5% du nombre de meurtres au premier trimestre 2010 par rapport à la même période en 2009, avec 109 personnes tuées.

Brooklyn mène la danse avec 37 meurtres au cours des 11 premières semaines de l'année, et 16 personnes ont été tuées à Manhattan, le double de l'an dernier.

On reste loin du pic de 2 262 tués enregistré en 1990, lorsque des quartiers entiers de la ville étaient considérés comme inaccessibles.

En 2009, 466 homicides ont été relevés au total, et c'est ce chiffre bas qui fait que les pourcentages de hausse paraissent importants, souligne un porte-parole de la police, Paul Browne. «Tout le monde s'attend à une baisse de la criminalité chaque année, parce que c'est le cas depuis 2002, à l'exception d'une année», ajoute-t-il.

L'officier rappelle qu'en 1990, 55 crimes et délits étaient commis quotidiennement dans le métro, un chiffre réduit à cinq aujourd'hui. «New York reste la mégapole la plus sûre des États-Unis», poursuit-il.

Mais la réduction des effectifs de police inquiète. Le nombre de policiers a été ramené à 34 000, 5 000 de moins que lors de la prise de fonctions du chef actuel de la police Raymond Kelly, en 2002.

Et leur nombre pourrait encore être réduit en 2010, ramenant les effectifs au niveau antérieur à 1990.

M. Kelly a reconnu au cours d'une conférence de presse que les restrictions budgétaires étaient un sujet d'inquiétude.

D'autant que les forces de police, outre leur traditionnelle vigilance contre le crime, doivent également mener des missions de lutte contre le terrorisme.

«Il va être difficile de maintenir la sécurité au niveau que l'on attend désormais de cette ville», estime Joseph Mancini, porte-parole d'une association de policiers bénévoles.

Parmi les passants de Times Square, l'inquiétude est partagée. «Les choses sont en train de changer, l'État de New York a de sérieux problèmes budgétaires», note Phillip Bray, 56 ans, qui travaille dans le secteur des assurances.

«J'ai toujours vécu à Brooklyn ou dans le Bronx, mais il faudrait que je songe à déménager», dit un agent de sécurité qui demande à garder l'anonymat.