Le gouverneur de l'État américain de Virginie a provoqué une polémique et dû faire ses excuses mercredi après avoir fait d'avril le «Mois de la Confédération», pour honorer ceux qui ont combattu pour la Confédération sudiste et esclavagiste lors de la guerre de Sécession.

Bob McDonnell, gouverneur républicain qui a récemment succédé à deux démocrates, a signé cette semaine une proclamation instituant le «Confederate History Month». Le texte stipule qu'«il est important que tous les Virginiens reviennent sur notre histoire partagée (...) pour comprendre les sacrifices des dirigeants confédérés, des soldats et des citoyens pendant la Guerre de Sécession».

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Nulle part dans la proclamation n'est évoqué l'escalavagisme, à l'origine de la guerre qui opposa l'Union du nord et la Confédération du sud de 1861 à 1865.

Ce «mois» existait déjà il y a huit ans, mais les gouverneurs démocrates avaient refusé de rétablir cette célébration jugée irrespectueuse pour les Noirs.

L'initiative a suscité les protestations de responsables afro-américains dans un Etat qui compte quelque 20% de Noirs.

La NAACP, la plus importante association de défense des droits civiques, s'est déclarée «profondément déçue» par la nouvelle mesure. «La décision du gouverneur est une insulte à l'histoire et au peuple de Virginie et représente une rupture tragique par rapport à ses prédécesseurs qui avaient reconnu l'héritage douloureux de l'esclavage», a affirmé le président de l'organisation, Benjamin Todd Jealous, dans un communiqué adressé à l'AFP.

L'élu démocrate Kenneth C. Alexander, président du groupe parlementaire des Noirs à l'assemblée de Virginie a estimé que la proclamation était «une révision dérangeante de la Guerre de Sécession», selon le quotidien Richmond Times-Dispatch.

«La Virginie avait travaillé dur pour dépasser précisément ces souvenirs dont le gouverneur McDonnell semble être nostalgique», a-t-il ajouté.

M. McDonnell a d'abord défendu farouchement sa décision, insistant sur le fait que la proclamation visait à relancer le tourisme. L'année prochaine marquera en effet le 150e anniversaire du début des hostilités, déclenchées par l'élection à la présidence des Etats-Unis de l'anti-esclavagiste Abraham Lincoln.

Mais dans la soirée de mercredi, le gouverneur a finalement fait machine arrière, présentant ses «excuses» dans un communiqué et soulignant que «l'absence de référence à l'esclavage était une erreur», et une «omission majeure».

«L'esclavage était une pratique inhumaine, vicieuse et diabolique qui transformait des être humains en objets, et cela a marqué l'âme de cet Etat et de ce pays», a-t-il ajouté, notant que la Virginie avait formulé à juste titre en 2007 des «regrets profonds» pour l'esclavage.

M. McDonnell a précisé que la proclamation serait amendée pour y ajouter un passage dénonçant l'esclavage.

La Virginie fourmille de champs de bataille à visiter et cherche à promouvoir ses musées, financièrement chancelants, comme le Musée de la Confédération à Richmond et la «Maison Blanche» sudiste qui abrita le président Jefferson Davis.

Selon le politologue Mark Rozell, de l'Université George Mason, l'initiative du gouverneur était adressée à sa base.

«Ce sont ceux qui soutiennent les droits des États et qui s'opposent à l'intrusion du gouvernement fédéral», a-t-il noté dans le Washington Post.