Les Etats-Unis ont annoncé vendredi un important bouleversement des protocoles de sécurité dans les transports aériens avec la mise en place d'une surveillance des passagers entrant sur leur sol en fonction notamment de leur «profil».

La secrétaire à la Sécurité intérieure Janet Napolitano a annoncé dans un communiqué que l'agence chargée de la sécurité des transports aériens (TSA) allait mettre en place de «nouvelles mesures de sécurité renforcées pour tous les transporteurs aériens ayant des vols vers les Etats-Unis».

L'objectif est de renforcer la sécurité à la suite d'un attentat manqué attribué à Al-Qaeda contre un vol entre Amsterdam et Detroit le jour de Noël.

Cette tentative d'attentat a mis en évidence des failles dans le système de sécurité aérienne. Le suspect, un jeune Nigérian de 23 ans, Umar Farouk Abdulmutallab, avait été maîtrisé par des passagers.

Les services de renseignement américains avaient reçu plusieurs signaux d'alarme à son sujet sans les exploiter à bon escient.

Jusqu'à présent, les vérifications systématiques ne portaient que sur les passagers en provenance d'une «liste noire» de 14 pays, principalement musulmans.

Les nouvelles procédures s'appliqueront à tous les passagers, y compris les Américains, voyageant à destination des Etats-Unis.

Les Etats-Unis disposent actuellement de 20 filtres de sécurité dont les listes de surveillance, l'entraînement des équipages, les gardes armés à bord des avions.

Les mesures annoncées vendredi ajoutent un 21e filtre à ce dispositif.

«Ces nouvelles mesures utilisent des renseignements en temps réel, fondés sur des menaces précises, en même temps que de multiples filtres de sécurité, visibles ou non, afin de mieux réduire la menace terroriste», a assuré Mme Napolitano.

Les passagers à destination des Etats-Unis devraient ainsi remarquer des mesures de sécurité renforcées dans les aéroports internationaux.

Selon le communiqué du département de la Sécurité intérieure (DHS), cela va impliquer des «mesures de filtrage au moment de l'enregistrement des bagages et de l'embarquement, y compris l'utilisation de détecteurs de traces d'explosifs, de scanners, de chiens spécialisés et de fouilles diverses, parmi d'autres mesures».

Des caractéristiques comme la nationalité, l'âge, les pays récemment visités, des fragments de noms seront désormais pris en compte, afin de parvenir à un filtrage plus fin pour identifier les personnes à risque.

La base de données américaine des passagers soupçonnés d'avoir des liens avec le terrorisme continuera à être utilisée. Une autre liste, celle des passagers purement et simplement interdits de vol (la «no-fly list») restera également en vigueur.

L'annonce de ces mesures intervient après trois mois d'examen des protocoles de sécurité. Le DHS précise que depuis le mois de janvier, Mme Napolitano a participé à des «sommets» sur la sécurité aérienne en Espagne, au Mexique et au Japon.

Les autorités américaines n'ont pas le droit de cibler un individu sur la base de son appartenance ethnique, mais l'attentat manqué du 25 décembre a relancé le débat sur l'intérêt qui doit être accordé au «profil» des passagers.

Au Congrès, le républicain Peter King, l'un des élus clé de la commission de la Sécurité intérieure, a qualifié de «pas en avant significatif» les mesures annoncées vendredi. Il toutefois réclamé que la commission soit informée rapidement des détails de ces mesures.