Un nouveau rapport sur les droits humains en Afghanistan, publié par le département d'État américain, a ravivé les craintes et les critiques de l'opposition à Ottawa quant au traitement réservé aux prisonniers transférés aux autorités afghanes et au manque de transparence du gouvernement canadien dans le dossier.

Publié jeudi sur le site du département d'État, le rapport 2009 sur les droits humains décrit les mauvaises conditions des prisons afghanes et fait état de mauvais traitements de détenus. Les cas de torture, rapportés par des organismes de défense des droits humains, concernent aussi bien des prisonniers privés de sommeil ou de nourriture que des détenus battus à coups de bâtons ou de barres de fer, ou même violés.

 

Pour les partis de l'opposition à Ottawa, il s'agit d'une preuve supplémentaire de l'incapacité du gouvernement canadien à garantir que les prisonniers transférés aux autorités afghanes ne seront pas maltraités.

«C'est clair qu'il y a toujours une possibilité de torture. C'est le problème que nous avons et c'est pourquoi nous avons recommandé que les transferts des prisonniers soient arrêtés, a dit le critique libéral en matière d'affaires étrangères, Bob Rae. Les Britanniques ont arrêté les transferts, ça fait assez longtemps. Ils ont décidé que le risque était trop grand, et nous partageons la même pensée. C'est clairement documenté qu'il y a des risques.»

Interrogés en chambre, les ministres conservateurs ont plaidé que c'est justement ce type d'allégation qui a mené le gouvernement Harper à instaurer une nouvelle entente de transfert des prisonniers en 2007.

Pour le député néo-démocrate Joe Comartin, le refus du gouvernement canadien de fournir l'ensemble des documents qui traitent de possibles cas de torture - alors que les États-Unis publient en ligne de telles informations - devient embarrassant pour Ottawa sur la scène internationale.

«Ça reflète l'absence de crédibilité de la position du gouvernement, qui refuse de nous remettre les documents, a expliqué M. Comartin. Le Canada est le seul pays qui prétend que ces informations mettraient en péril la sécurité nationale.»

Même son de cloche du côté du Bloc québécois. «On voit qu'aux États-Unis, il y a davantage de transparence de la part de l'administration américaine, a souligné le leader parlementaire bloquiste, Pierre Paquette. Je pense que la pression va devenir extrêmement forte pour que le gouvernement mette en place une enquête publique indépendante.»