Au lendemain d'un discours en forme d'ultimatum, le président américain Barack Obama a augmenté jeudi la pression sur ses alliés démocrates du Congrès pour faire avancer le dossier phare de la réforme de l'assurance maladie.

La Maison-Blanche a annoncé une modification exceptionnelle de l'agenda quotidien du président, pour y inclure une série de rencontres avec un bataillon d'une vingtaine de représentants démocrates impliqués dans la réforme de la santé.

À l'issue de ces entretiens, le représentant démocrate de New York Joseph Crowley, a assuré que la rencontre avait «été très fructueuse». «En définitive nous aurons les voix pour adopter la réforme», a-t-il assuré.

Mercredi M. Obama avait exhorté les élus à procéder à un vote final au Congrès dans «les toutes prochaines semaines» sur ce projet emblématique de sa présidence. Il avait promis d'ici au vote, de «faire tout ce qui est en (son) pouvoir pour défendre la réforme».

Au même moment, l'administration Obama mettait l'accent sur le rôle des compagnies d'assurance pour maîtriser les dépenses de santé qui atteignent des montants faramineux aux États-Unis.

M. Obama cite régulièrement ces derniers temps l'exemple d'une société californienne qui a imposé des hausses de primes de 39% à certains assurés, pour plaider la cause d'une meilleure régulation du secteur.

Le président s'est rendu en personne à une réunion à la Maison-Blanche entre des patrons de compagnies d'assurance et sa ministre de la Santé Kathleen Sebelius. Il leur a parlé d'une lettre qu'il avait reçue d'une habitante de l'Ohio dont les frais d'assurance vont augmenter de 40% l'an prochain, a indiqué Mme Sebelius après la rencontre, précisant que le président avait jugé cela «inacceptable et intenable».

Mme Sebelius a promis d'envoyer une lettre aux compagnies d'assurance pour leur demander plus de transparence.

«Les Américains veulent savoir pourquoi leurs assurances continuent à crever les plafonds, ce que nous pouvons faire pour maîtriser les coûts de la santé et comment nous pouvons réparer notre système d'assurance maladie qui est défectueux», avait auparavant indiqué la ministre.

Interrogé sur un calendrier d'adoption de la réforme de l'assurance maladie, alors que les vacances parlementaires commencent le 26 mars, M. Gibbs a laissé entendre que le texte franchirait une première étape à la Chambre avant le départ de M. Obama le 18 mars pour un voyage en Indonésie et en Australie.

Il a ainsi semblé tempérer des propos qu'il avait tenus plus tôt sur la chaîne MSNBC, laissant entendre que l'administration escomptait une promulgation de la loi à cette date.

«J'ai dit ce matin que nous pensons que la Chambre peut agir avant le départ du président le 18 mars. De toute évidence, le Sénat a aussi une tâche à accomplir», a dit M. Gibbs, insistant à nouveau sur le fait qu'il ne s'attendait pas à ce que la loi soit promulguée à cette date.

Négociée pendant des mois entre démocrates à la Chambre des représentants et au Sénat, la réforme de l'assurance maladie a connu un coup d'arrêt brutal lorsque les républicains ont remporté une élection sénatoriale partielle le 19 janvier, privant les démocrates de leur «supermajorité» de 60 voix sur 100.

Pour conclure cette réforme historique visant à fournir une couverture maladie abordable et de qualité à au moins 31 millions d'Américains qui n'en ont pas, le recours à une arme législative tactique controversée dite «réconciliation» est envisagé.

Cette manoeuvre permettrait une adoption de la réforme avec une majorité simple de 51 sénateurs, afin de contourner le barrage républicain.