En conviant républicains et démocrates ce matin à un sommet télévisé de six heures sur la santé, Barack Obama cherche officiellement à mettre sur la table les idées des deux partis pour relancer la réforme de l'assurance maladie, chantier principal de sa présidence, qui semblait être au point mort depuis un mois.

Tout en promettant de participer de bonne foi à la réunion, qui aura lieu à Blair House, résidence des dignitaires étrangers en visite à Washington, les républicains flairent un piège. Ils voient se profiler, derrière l'invitation du président, une mise en scène dont l'objectif est de préparer le public américain au recours à une règle parlementaire controversée pour assurer l'adoption de sa réforme au Sénat.

Quoi qu'il en soit, Barack Obama aura réussi à remettre à l'ordre du jour une réforme dont l'avenir semblait compromis à la suite de la victoire inattendue du républicain Scott Brown lors du scrutin partiel du 19 janvier au Massachusetts. Au-delà de son message en forme de camouflet, l'élection de Brown mettait fin à la supermajorité de 60 sièges sur 100 qui permettait aux démocrates d'éviter les manoeuvres d'obstruction de l'opposition.

Le président a donné l'impression lundi de reprendre la main dans le dossier de la santé en présentant pour la première fois un plan qui mérite de porter son nom. Jusqu'alors, les versions de réforme adoptées par la Chambre des représentants et le Sénat avaient été rédigées par les parlementaires démocrates.

Plus près du Sénat

Le plan Obama s'inspire davantage du projet du Sénat que de celui de la Chambre. Il permettrait à 31 millions d'Américains supplémentaires de s'assurer, mais ne créerait pas de régime d'assurance maladie public pour concurrencer les assureurs privés. En revanche, la mesure, qui coûterait 950 milliards de dollars en 10 ans, prévoit une innovation : la mise en place d'un mécanisme pour combattre les hausses de tarifs «déraisonnables ou injustifiées» imposées aux assurés par des sociétés privées.

«Il s'agit d'une première offre pour le sommet de la santé, a déclaré le directeur des communications de la Maison-Blanche, Dan Pfeiffer. J'espère que cela fera avancer les choses.»

Vers une «réconciliation»

La réaction des républicains à ce plan n'est pas de bon augure.

«Le sommet de cette semaine a toutes les allures d'une opération de communication des démocrates qui masque la poursuite d'une démarche partisane », a déclaré le chef de file des républicains à la Chambre des représentants, John Boehner.

Cette démarche a un nom dans le jargon parlementaire de Washington : «réconciliation». Il s'agit d'une mesure législative qui permet l'adoption d'un texte de loi au Sénat avec un vote à la majorité simple de 51 voix. Sous la présidence de George Bush, les républicains ont utilisé cette manoeuvre pour assurer l'adoption de trois importantes baisses d'impôts.

La partie est encore loin d'être gagnée pour Barack Obama. Le passage de sa réforme n'est pas acquis à la Chambre des représentants, où les démocrates pro-vie pourraient se rebeller. Car le plan du président n'inclut pas les restrictions qu'ils réclament contre l'usage de fonds fédéraux pour les interruptions volontaires de grossesse.