Les chefs d'état major de l'armée de Terre et de l'armée de l'Air américaine ont exprimé des inquiétudes mardi au sujet de la levée du tabou homosexuel dans l'armée, initiative que préconise le président Barack Obama.

Le général George Casey, chef d'état-major de l'armée de Terre, a indiqué qu'il était favorable à un examen d'un an de la loi baptisée «Don't ask, don't tell» («Ne rien demander, ne rien dire»), qui impose aux militaires homosexuels de ne pas dévoiler leur orientation sexuelle. Mais il a laissé entendre qu'il ne serait pas vraiment favorable à son abrogation.

«J'ai effectivement de sérieuses inquiétudes concernant l'impact d'une abrogation de la loi sur une armée qui est pleinement engagée dans deux guerres et est en guerre depuis huit ans et demi», a-t-il dit à la Commission des Forces armées du Sénat.

Le chef d'état-major de l'armée de l'Air, le général Norton Schwartz a indiqué de son côté devant une commission de la chambre des représentants qu'il avait la «ferme conviction» que «le moment était mal venu de perturber l'armée, tiraillée entre des demandes en Irak et en Afghanistan et ailleurs, sans une réflexion prudente».

Ces propos des deux généraux contrastent avec des déclarations du plus haut gradé américain, l'amiral Michael Mullen, qui avait estimé récemment que lever l'interdiction faite aux militaires homosexuels d'évoquer leur orientation sexuelle serait «la bonne chose à faire».

Le mois dernier, M. Obama avait renouvelé son engagement à abroger le texte.

Certains de ses alliés démocrates du Congrès sont favorables à un moratoire sur les renvois de militaires en raison de leur orientation sexuelle, pendant que l'examen de la loi se poursuit.

Mais le général Casey s'est dit opposé à une telle initiative indiquant que «le processus va déjà être assez difficile et complexe».

«Je pense que je serais opposé à tout ce qui pourrait compliquer davantage» le processus, a-t-il ajouté.

Depuis son adoption en 1993, plus de 13 000 soldats ont été renvoyés parce qu'ils avaient évoqué leur homosexualité ou qu'ils avaient été dénoncés.

Dans l'opinion américaine, l'idée de l'abrogation de la loi fait son chemin, les sondages les plus récents montrant que les concitoyens de M. Obama y sont désormais majoritairement favorables.

Et selon une étude rendue publique mardi, portant sur la gestion de cette question par les armées d'autres pays, les Etats-Unis auraient tout intérêt à faire cette réforme rapidement.

L'étude du Palm Center, un institut de recherche de l'Université de Californie, a porté sur cinq pays autorisant les homosexuels à servir ouvertement dans l'armée: Grande-Bretagne, Canada, Australie, Afrique du Sud et Israël.

«Un processus de mise en oeuvre rapide et simple (de la réforme) est la clé pour s'assurer un succès», indique l'étude. «Une mise en oeuvre prompte et décisive montre le soutien des plus hauts responsables et une confiance dans le fait que cela se fera sans heurts, tandis qu'une mise en oeuvre graduée peut créer anxiété, confusion ou provoquer des blocages».