Deux éminents avocats de l'ère Bush, auteurs de notes internes justifiant la torture, ont fait preuve de «manque de jugement» mais ne devraient pas être rayés du barreau, a conclu le ministère de la Justice américain à l'issue d'une enquête interne publiée vendredi.

Une enquête initiale achevée le 29 juillet par l'organe de surveillance du respect de l'éthique du ministère, l'Office of Professional responsability, avait estimé que les avocats du ministère de la Justice de l'administration de George W. Bush, Jay Bybee et John Yoo, avaient commis «des fautes professionnelles» en rédigeant ces notes offrant un cadre juridique à l'usage de la torture, une conclusion qui aurait pu les priver du droit d'exercer leur profession.

Mais le principal avocat de l'organisme a rejeté ces conclusions et estimé que bien que ces notes internes qui justifiaient des pratiques comme le simulacre de noyade (waterboarding) étaient «émaillées de défauts», les deux avocats n'avaient pas commis volontairement d'impairs.

«Ces notes internes contenaient d'importants défauts», a écrit le procureur général adjoint David Margolis dans une note de 69 pages datée du 5 janvier et publiée vendredi.

«Mais comme tout ce qui brille n'est pas d'or, tous ces défauts ne veulent pas dire qu'il y a eu faute professionnelle. Je conclus que MM. Yoo et Bybee ont fait preuve de manque de jugement en surestimant la fiabilité de leurs conclusions et en minimisant les arguments contradictoires», a-t-il dit.

En avril, l'administration du président Barack Obama avait publié, en censurant certains passages, quatre de ces mémos secrets ayant servi de base juridique aux politiques controversées d'antiterrorisme sous George W. Bush.

De la gifle humiliante à la simulation de noyade en passant par le confinement en compagnie d'insectes, les techniques d'interrogatoires révélées par ces notes faisaient froid dans le dos.