Le président américain Barack Obama a tenté samedi de rassurer le monde musulman, inquiet d'une montée de l'islamophobie, en annonçant la nomination d'un émissaire spécial auprès de l'Organisation de la conférence islamique (OCI).

Dans un message vidéo retransmis à l'ouverture de la septième édition du Forum mondial Islam/États-Unis à Doha, M. Obama a assuré qu'il souhaitait renforcer les partenariats avec le monde musulman.

«Je suis fier d'annoncer aujourd'hui que je nomme Rashad Hussain comme mon émissaire à l'OCI», a-t-il dit. «En tant qu'avocat accompli et comme collaborateur proche et estimé de mon équipe à la Maison Blanche, Rashad a joué un rôle clef dans le développement des partenariats que j'avais souhaité mettre en oeuvre au Caire», a ajouté le président américain.

Washington s'est depuis attelé à «mettre fin d'une manière responsable à la guerre en Irak», alors qu'«en Afghanistan et au-delà, nous établissons des partenariats afin d'isoler les extrémistes violents, de réduire la corruption et de promouvoir la bonne gouvernance et le développement», a poursuivi M. Obama.

«Huit mois ont seulement passé depuis (l'annonce) du Caire et beaucoup reste à faire. Mais je pense que nous avons jeté les bases en vue de traduire les engagements dans les faits», a-t-il poursuivi.

Le 4 juin, lors d'un discours prononcé dans la capitale égyptienne, M. Obama avait appelé à un «nouveau départ» dans la relation entre les États-Unis et le monde musulman, rompant avec la politique de son prédécesseur George W. Bush.

Le président américain a réitéré son engagement à oeuvrer pour une solution au Proche-Orient «basée sur deux États, reconnaissant les droits et la sécurité des Israéliens et des Palestiniens».

Mais il a reconnu que «les États-Unis et les musulmans par le monde ont souvent été entraînés dans un cycle de méfiance et d'incompréhension qui peut mener au conflit plutôt qu'à la coopération».

«Il revient à nous tous, en tant que gouvernements et individus, de travailler dur pour traduire les paroles en actes et écrire le prochain chapitre dans nos relations (...), basé sur le respect mutuel», at-il encore dit.

Mais si les participants à la conférence se sont félicités de la décision de M. Obama de nommer un émissaire spécial auprès de l'OCI, basée en Arabie saoudite et regroupant 57 pays, certains n'en ont pas moins exprimé leur frustration face à la montée selon eux de l'islamophobie.

Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a ainsi critiqué «les stéréotypes négatifs liant l'islam au terrorisme», et estimé que «le racisme, l'islamophobie et l'antisémitisme sont extrêmement dangereux».

«Le monde musulman qui compte un milliard et demi de personnes est accusé lorsqu'un incident isolé se produit», a-t-il dit, affirmant que «cela est injuste à l'égard des musulmans dont la religion est une religion de paix». «Comment est-il possible d'engager un dialogue avec les musulmans et de prendre dans le même temps des mesures discriminatives à leur égard?» s'est pour sa part demandé dans son discours l'ancien Premier ministre algérien, Abdelaziz Belkhadem, critiquant «l'interdiction des minarets et du voile».

«Il est nécessaire de répondre aux craintes fondées des musulmans», a encore dit M. Belkhadem, exprimant l'espoir de voir «les promesses du président Obama traduites en actes».

La secrétaire d'État américaine Hillary Clinton, attendue au Qatar dans le cadre d'une visite dans le Golfe qui la conduira également en Arabie saoudite, doit à son tour prononcer un discours dimanche devant ce Forum mondial.