L'administration Obama s'est employée mardi à minimiser les critiques russes envers l'OTAN et le système américain de défense antimissile en Europe, assurant que la controverse n'aurait pas d'effet sur la discussion en cours pour réduire les arsenaux nucléaires des deux pays.

Les différends entre les ex-ennemis de la guerre froide, a affirmé la Maison-Blanche, ne bloquent en rien la négociation sur le point d'aboutir pour trouver un successeur à l'accord de désarmement nucléaire START.

Mardi, Nikolaï Makarov, le chef d'état-major des armées russes, a affirmé que «le développement et le déploiement du système de défense antimissile (visait) la Russie», liant cette question au traité START.

«Le traité sur les armes stratégiques offensives en cours de préparation doit tenir compte d'un lien avec les armes de défense», a dit le général Makarov, soulignant qu'il s'agissait là de la principale pierre d'achoppement.

«L'architecture de défense antimissile qui se bâtit en Europe ne vise pas la Russie, mais plutôt la menace émergente de l'Iran», a répété en réponse Philip Crowley, le porte-parole de la diplomatie américaine.

«Nous continuons à débattre des moyens de coopérer avec la Russie sur la défense antimissile», a-t-il également souligné.

Ces propos délibérément apaisants répondent à un feu roulant de critiques russes envers l'Amérique et l'Otan ces dernirs jours.

Vendredi 5 février, le président russe Dmitri Medvedev a ainsi validé une nouvelle doctrine militaire qui place l'OTAN et son élargissement en tête des menaces pesant sur la sécurité de la Russie.

Le secrétaire du Conseil russe de sécurité, Nikolaï Patrouchev, a enfoncé le clou mardi, citant comme exemple le fait que des pays de l'OTAN ont armé la Géorgie, candidate à l'entrée dans l'Alliance, avant et après la guerre russo-géorgienne d'août 2008.

Les premières décisions qui aboutiront, dans quelques années, au déploiement d'un bouclier antimissile américain dans les pays de l'ex-aire d'influence soviétique en Europe sont également dans la ligne de mire de Moscou.

Moscou a ainsi déploré la semaine dernière l'annonce que des intercepteurs de missiles américains seraient ainsi déployés d'ici 2015 en Roumanie.

Il reste que ce sujet de dissension, bien répertorié à Washington et Moscou, fait l'objet de concertations fréquentes entre les deux pays.

Hillary Clinton, la chef de la diplomatie américaine, s'en est encore entretenue la semaine dernière avec son homologue Sergueï Lavrov, soulignait mardi le département d'Etat.

Le net réchauffement enregistré depuis un an entre les deux pays ne paraît pas remis en cause, à en juger par l'adhésion désormais complète de Moscou au principe de sanctions contre l'Iran à propos de son programme nucléaire.

Plutôt que la question du bouclier antimissile, c'est l'imminence d'un nouvel accord START qui pourrait susciter cette poussée de fièvre, suggère Andrew Kutchins, directeur du programme Russie au Centre d'études stratégiques et internationales (CSIS) à Washington.

Le rapprochement en cours avec l'OTA et les États-Unis, moins de deux ans après la guerre en Géorgie, suscite selon lui «beaucoup d'opposition au sein du gouvernement russe».

Les commentaires des derniers jours reflètent de la part de Moscou, dit-il, «une ambivalence foncière envers l'OTAN et l'Occident», et la signature prochaine du traité est «l'un de ces tournants qui font remonter à la surface cette complexité».