La centrale de Middletown, soufflée hier par une explosion, utilisait une technologie éprouvée par des décennies d'usage, indiquent des experts joints hier. Selon l'Energy Information Administration, on compte près de 5500 centrales au gaz naturel aux États-Unis.

«À moins qu'ils aient essayé quelque chose de révolutionnaire, c'est une technologie qui est connue et utilisée depuis des années», résume Pierre Bégin, un ingénieur mécanique à la retraite.

 

Dans une centrale comme celle de Middletown, le gaz naturel est brûlé pour activer une turbine qui produit de l'électricité. Grosso modo, c'est la même technologie que celle utilisée dans les moteurs d'avion à réaction.

L'excédent de chaleur peut être capté pour chauffer une chaudière à vapeur qui produit à son tour de l'électricité, une technologie appelée «cogénération».

Dans les moments où l'approvisionnement en gaz naturel devenait plus difficile, ou moins avantageux du point de vue économique, la centrale de Middletown pouvait être alimentée par une forme de diesel qui contenait peu d'azote.

La technologie a été particulièrement en vogue au cours des dernières années, selon le professeur d'économie à l'Université Laval Jean-Thomas Bernard, un spécialiste de l'énergie.

«À ma connaissance, il n'y a pas eu d'autres accidents majeurs», a-t-il indiqué hier.

Si la technologie est de plus en plus utilisée chez nos voisins du Sud, elle l'est beaucoup moins chez nous. La centrale du Suroît devait produire plus de 850 mégawatts, mais le projet a été abandonné par le gouvernement Charest en 2004.

Hydro-Québec peut au besoin s'approvisionner dans une centrale au gaz à Bécancour, mais elle ne l'a pas fait depuis deux ans, a expliqué M. Bernard. Il existe aussi une autre turbine privée, celle-là exploitée par une papetière, mais c'est bien peu comparé aux 34 000 mégawatts que la société d'État produit grâce à ses barrages hydroélectriques.

L'accident d'hier à la centrale de Middletown aura-t-il un impact sur l'utilisation du gaz naturel dans la production d'électricité? Jean-Thomas Bernard en doute. Car la technologie commence à permettre l'exploitation du gaz emprisonné dans les schistes, ce qui devrait gonfler les réserves mondiales.

«Je pense au contraire que le gaz naturel a un très bel avenir, a résumé le professeur. Et ce, dans un proche avenir.»