La secrétaire d'État américaine Hillary Clinton a saisi mercredi l'occasion des réunions de Londres sur l'Afghanistan et le Yémen pour tenter de convaincre ses alliés de sanctionner l'Iran en raison de son programme nucléaire, obtenant une réponse encourageante de la Russie.

«Nos partenaires voient de plus en plus comme un tournant le refus de l'Iran» d'accepter une offre d'enrichir à l'étranger son uranium, s'est réjoui Mme Clinton après un marathon d'entretiens bilatéraux, dont le plus important avec son homologue russe Sergueï Lavrov, dont le pays est l'un des membres du groupe des Six.

Les Six (Allemagne, Chine, États-Unis, France, Royaume-Uni, Russie) tentent en vain depuis des mois de négocier avec Téhéran, toujours soupçonné de développer des capacités militaires sous couvert d'un programme nucléaire civil.

Les États-Unis ont vanté un entretien Clinton-Lavrov «très constructif, dans un esprit de collaboration».

«Nous sommes arrivés, bien malgré nous, à la conclusion qu'il nous fallait aller plus loin sur la voie de la pression», expliquait à Londres un diplomate de l'administration Obama.

«M. Lavrov a dit que nous avions la même vision, le même objectif. Il nous reste à travailler sur la tactique», a poursuivi cette source anonymement, avant de se dire «confiant que d'ici à quelques semaines, nous pourrons commencer à négocier une résolution» aux Nations unies.

«Il est évident qu'il n'est plus possible d'attendre indéfiniment», a abondé le ministre russe dans un entretien à l'agence russe Interfax.

«Nous sommes déçus», a-t-il insisté, que l'Iran n'ait pas répondu de façon constructive aux offres des grandes puissances.

«Nos partenaires et nous parlons déjà de la nécessité de discuter des mesures supplémentaires devant le Conseil de sécurité (de l'ONU), de manière à faire progresser les objectifs de la communauté internationale», a ajouté M. Lavrov.

Mme Clinton et M. Lavrov se sont entretenus en marge des réunions de Londres sur le Yémen et l'Afghanistan.

La chef de la diplomatie américaine a mis ces rendez-vous à profit pour multiplier les entretiens bilatéraux sur l'Iran, près d'un mois après la fin du délai que les États-Unis et la France avaient soumis à l'Iran pour répondre à une offre de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) de faire enrichir son uranium à l'étranger.

«La diplomatie est faite d'un dialogue construit très soigneusement. Cela demande beaucoup de patience, beaucoup de partage d'informations et c'est ce qui se passe en ce moment», a-t-elle plaidé.

Mme Clinton a démenti une information circulant à l'ONU, selon laquelle un plan détaillé concernant d'éventuelles nouvelles sanctions serait sur la table des Six.

Les États-Unis et les membres européens des Six souhaitent imposer de nouvelles sanctions à Téhéran, mais se heurtent à la réticence de la Chine, qui préfère poursuivre le dialogue. Les Six n'ont pas pris de décision lors de leur dernière réunion, le 16 janvier à New York.

Le calendrier joue un rôle important dans les efforts américains.

La France, également favorable à un sixième volant de sanctions, fournira une fenêtre de tir en février, puisqu'elle présidera alors le Conseil de sécurité.