Le gouvernement américain est en train de capturer 12 000 chevaux sauvages dans les plaines de l'Ouest. Selon les autorités, les bêtes sont trop nombreuses et détruisent leur habitat, un argument que réfutent les groupes de protection des animaux. Des résidants locaux se disent «dégoûtés» par l'affaire.

Les chevaux sont repérés à l'aide d'hélicoptères qui bourdonnent à quelques mètres du sol. Les bêtes, affolées, galopent durant des heures et finissent par s'affaiblir. Les agents fédéraux n'ont plus qu'à les attraper.

 

Depuis l'an dernier, des milliers de mustangs sont capturés au Nevada et au Colorado. Ils sont transportés par camions dans des centres de confinement, où ils passeront le reste de leur vie. Certains chevaux trop vieux pour passer l'hiver sont euthanasiés.

Cette année, le gouvernement entend retirer 12 000 chevaux des terres fédérales. À l'état sauvage, les bêtes sont trop nombreuses pour pouvoir manger à leur faim, a dit en décembre Bob Abbey, directeur du Bureau of Land Management. Un cheval adulte peut manger jusqu'à 10kg de broussailles par jour.

«Actuellement, il y a entre trois et cinq fois plus de chevaux que ce que l'habitat peut supporter. Les laisser mourir de faim n'est pas une option pour nous.» La loi interdit de tuer les mustangs ou d'utiliser leur carcasse pour la viande. Quelque 33 000 chevaux se trouvent actuellement dans les centres de confinement financés par le gouvernement.

Chevaux contre éleveurs

Les opposants affirment que le gouvernement cherche plutôt à protéger les intérêts financiers des éleveurs de bétail, dont les cheptels, plus nombreux que les chevaux, partagent les même terres. Le Bureau of Land Management a aussi comme mandat de faire passer un nouveau pipeline de 1100km du Wyoming jusqu'en Oregon. Le pipeline traversera les terres situées au nord de la ville de Reno, dans le Nevada, une région où des milliers de chevaux sont capturés.

Madeleine Pickens, qui défend la cause des chevaux sauvages, note que la capture de ces bêtes est «une scène qui arrache les tripes».

«Le gouvernement dit que les mustangs sont sous-alimentés, mais la vaste majorité des chevaux que nous voyons sont en pleine forme, a-t-elle dit à Reno cette semaine. La réalité, c'est que les terres fédérales sont de plus en plus utilisées par les entreprises d'élevage, qui prennent l'espace auparavant occupé par les chevaux.»

Le mois dernier, un groupe opposé à la capture des mustangs a écrit au président Obama pour demander l'arrêt du processus. La chanteuse Sheryl Crow et l'acteur Viggo Mortensen appuient la cause. Mais jusqu'ici, la demande est restée lettre morte. La sénatrice californienne Dianne Feinstein, qui a déjà défendu la cause des mustangs, ne s'est pas prononcée sur la question cette fois.

Margaret Cooper, une résidante du Nevada, a noté que l'administration Obama n'a pas pris position sur le programme de capture des mustangs, mis sur pied sous George W. Bush. «Contre le pouvoir de l'industrie agricole, de l'industrie du minerai et de l'industrie pétrolière, les chevaux sauvages n'ont aucune chance», dit-elle.