Organisations de défense des droits de l'homme et anciens détenus ont protesté lundi à Washington contre le fait que le camp de Guantanamo est toujours ouvert huit ans jour pour jour après l'arrivée des 21 premiers prisonniers.

Une quarantaine de militants revêtus d'un uniforme orange, comme ceux que portaient les premiers détenus dont les photos ont fait le tour du monde, se sont rassemblés devant la Maison Blanche et ont brièvement défilé.

Alors que le président américain Barack Obama a renoncé il y a plusieurs mois à fermer Guantanamo en un an comme il s'était fixé l'objectif dans un décret signé au lendemain de sa prise de fonction, les critiques se sont focalisées sur les promesses non tenues.

«Le président Obama s'oppose avec la même autorité que le président Bush pour détenir les 198 hommes», encore enfermés, dont des dizaines ont pourtant été déclarés libérables, a affirmé lors d'une conférence de presse Vince Warren, directeur exécutif du Centre pour les droits constitutionnels (CCR), un des principaux pourvoyeur d'avocats aux détenus.

«Rien n'a changé à Guantanamo, les gens sont encore torturés, battus, blessés psychologiquement», a déclaré Omar Deghayes, un ancien détenu lybien, élevé en Grande-Bretagne, en liaison vidéo avec la conférence de presse.

«Les Etats-Unis ont reconnu avoir fait une erreur mais ne veulent pas me dire: excusez-nous», a déploré de son côté Lakhdar Boumediene, ancien détenu libéré en France, par liaison téléphonique. Cet Algérien qui vivait en Bosnie est un des premiers à être arrivé à Guantanamo, où il a toujours protesté de son innocence avant d'être entendu fin 2008 par un juge fédéral.

«J'essaye d'oublier mais je ne peux pas, je me lave les mains et je vois les marques des menottes», a-t-il expliqué.

Furieux de la récente décision de ne plus rapatrier de Yéménites, alors que cette nationalité constitue près de la moitié de la population de la prison (91), M. Warren a rappelé que «Al-Qaïda est depuis longtemps au Yémen».

La tentative d'attentat dans un avion américain le jour de Noël par un jeune Nigérian qui a affirmé avoir été entraîné dans des camps d'Al-aïda au Yémen a augmenté l'inquiétude autour de ce pays où de nombreuses violences sont attribuées au réseau d'Oussama Ben Laden.

«Vous n'avez pas besoin d'être yéménite pour être en contact avec des gens qui planifient des choses horribles», a-t-il argumenté. «Quand ils ont été innocentés de tout fait de terrorisme, leur situation ne change pas parce qu'un Nigérian a été entraîné dans leur pays», a renchéri Stacy Sullivan, de l'ONG rights Watch.

«Dépêchez-vous de fermer cette prison qui est devenue un nuage de honte pesant sur toute l'Amérique. Faites-vite», a déclaré Mohammed Souleymane Barre, un détenu relâché le 20 décembre au Somaliland, dans le nord de la Somalie