Le procès d'un militant anti-avortement accusé d'avoir tué en mai 2009 un des rares médecins américains pratiquant des avortements tardifs s'ouvrira lundi au Kansas, relançant le débat sur l'interruption de grossesse.

Le meurtrier présumé, Scott Roeder, un homme de 51 ans aux antécédents psychiatriques et connu pour ses liens avec des groupes de militants anti-avortements, est poursuivi pour assassinat.

Il est accusé d'avoir abattu de plusieurs balles le docteur George Tiller, 67 ans, père de quatre enfants, le 31 mai dans une église luthérienne alors qu'il assistait au service dominical à Wichita.

George Tiller, stigmatisé par ses détracteurs comme étant «Tiller, the Killer», («Tiller, le tueur», ndlr) opérait dans une des rares cliniques aux États-Unis à pratiquer des avortements tardifs, c'est-à-dire après 22 semaines de grossesse lorsque le foetus est viable.

Personnage controversé, le docteur Tiller avait été harcelé tout au long de sa carrière: sa clinique avait été brûlée, il avait été blessé par balle par un opposant et peu avant sa mort, avait été acquitté dans une enquête judiciaire à propos de sa pratique médicale.

Après son meurtre, sa famille a fermé sa clinique et un médecin du Nebraska (centre) qui désirait prendre la suite y a finalement renoncé face aux menaces de protestations.

Son meurtre «est un acte de terrorisme» qui vise à intimider les autres médecins pratiquant l'avortement, a affirmé Terry O'Neill, présidente de l'organisation en faveur des droits pour l'IVG, National Organization for Women (NOW).

Scott Roeder a admis en prison avoir tiré sur le docteur Tiller mais il plaide non-coupable, affirmant que c'était un acte «nécessaire» pour protéger la vie des foetus.

Mais un juge a déjà statué qu'il ne pourrait appuyer sa défense sur cette notion de «nécessité» du meurtre en affirmant que la mort de M. Tiller était «nécessaire pour sauver d'autres vies».

Il est toutefois possible que le juge autorise la défense à plaider pour une requalification criminelle des faits à un degré moindre que l'assassinat, en prenant en compte les convictions de l'accusé, ce qui permettrait à ce dernier d'encourir une peine de prison moins lourde. Actuellement, Scott Roeder est passible de la prison à vie.