La baisse marquée de la criminalité aux États-Unis en 2009 surprend les experts qui y voient les conséquences du vieillissement des baby-boomers, de la récession mais aussi d'un «effet Obama».

Les crimes violents aux États-Unis ont affiché un net recul en 2009, enregistrant sur les six premiers mois un déclin de 4,4% par rapport à la même période de 2008. Dans plusieurs grandes villes comme Los Angeles, Dallas ou San Francisco, la criminalité est tombée à un bas niveau historique.

Globalement sur six mois, le nombre de meurtres a chuté de 10%, les vols et cambriolages de 6,5% et les viols de 3,3%, selon les chiffres préliminaires du FBI publiés fin décembre.

La plupart des grandes villes ont annoncé un recul du nombre des meurtres sur le 1er semestre, comme Chicago (201 meurtres contre 228) ou New York (204 contre 252). Pour l'ensemble de l'année 2009, la capitale Washington a affiché le bilan le plus bas depuis 1966 avec 143 meurtres.

«Un des facteurs de cette baisse est le vieillissement de la population», assure James Alan Fox, professeur de droit pénal à l'université Northeastern de Boston, faisant valoir que les baby-boomers, nés entre 1948 et 1962, atteignent l'âge de raison.

«Les plus de 50 ans sont le segment de population qui progresse le plus aux États-Unis. Ce sont les baby-boomers qui ne sont plus des bébés et qui ne sont certainement pas tournés vers la violence», affirme ce professeur. Quelque 94 millions d'Américains ont plus de 50 ans soit un tiers de la population, selon le Bureau de recensement.

Contrairement à l'opinion répandue qui veut qu'en période de récession la violence augmente, la crise actuelle semble donner lieu à moins de délinquance.

«Lorsqu'ils perdent leur emploi, les gens ne décident pas tout à coup de devenir braqueur pour boucler les fins de mois. Ils vont plutôt commettre des délits du genre escroquerie à l'assurance ou chèque en bois», estime M. Fox, soulignant que ces délits ne sont pas répertoriés.

Pour Richard Rosenfeld, professeur de criminologie à l'université du Missouri et président de la Société américaine de criminologie, un taux de chômage élevé signifie même «que davantage de gens restent à la maison, ce qui décourage les cambrioleurs qui préfèrent visiter des maisons vides».

Il souligne aussi que contrairement aux récessions des années 70 et 80 qui avaient coïncidé avec une explosion du marché de l'héroïne puis du crack et de la cocaïne, la crise économique de 2008-2009 n'a pas été accompagnée par un développement caractérisé du marché de la drogue, entraînant un surcroît de délinquance.

«Ces effets peuvent expliquer pourquoi on ne voit pas d'augmentation de la criminalité mais ce n'est pas suffisant pour expliquer pourquoi elle a tant baissé un peu partout», ajoute M. Rosenfeld qui, avec d'autres collègues, croient à «un effet Obama».

«L'élection du président Obama était historique et de toute évidence d'une très grande importance pour la communauté noire. Or les jeunes Afro-Américains sont, de façon disproportionnée, à la fois les victimes et les auteurs des violences», affirme le président de la société américaine de criminologie.

«Il est très possible que le message d'espoir et de changement ait particulièrement touché cette partie de la population, entraînant un recul des crimes», ajoute-t-il.

«Mais si +effet Obama+ il y a, poursuit-il, je ne m'attends pas à ce que cela dure bien longtemps au-delà de 2009. Une fois que la rhétorique de l'espoir et du changement se sera tassée, les délinquants se remettront au travail».