Le Nigérian de 23 ans qui a fait vaciller le sentiment de sécurité des Américains, toujours fragile depuis le 11 septembre 2001, en tentant de faire exploser un vol Amsterdam-Detroit le jour de Noël, a comparu vendredi pour la première fois devant la justice fédérale.

Umar Farouk Abdulmutallab, jeune homme d'apparence frêle à la tête rasée, est entré dans la salle d'audience avec des chaînes aux pieds.

Il a pris la parole pour épeler son nom, confirmer son âge et le fait qu'il avait suivi des études secondaires, au juge fédéral de Detroit Bernard Friedman, qui l'interrogeait.

Il a ensuite laissé son avocate commise d'office Miriam Siefer annoncer qu'il plaidait «à ce stade de la procédure» non coupable des six chefs d'accusation pesant contre lui dont «tentative de meurtre» et «tentative d'utilisation d'armes de destruction massive».

Mme Siefer a expliqué au juge qu'elle ne demandait pas la libération conditionnelle. «Nous acceptons la détention», a-t-elle affirmé.

Le jeune homme risque 20 à 30 ans de prison pour chaque accusation, soit la prison à vie s'il est reconnu coupable de plusieurs d'entre elles.

Le 25 décembre, alors que le vol 253 de la compagnie Northwest Airlines assurant la liaison Amsterdam-Detroit avec 290 personnes à son bord entamait sa descente, Umar Farouk Abdulmutallab a tenté de déclencher un engin explosif dissimulé dans ses sous-vêtements. Il a été empêché d'agir par des passagers puis isolé par l'équipage.

Il a ensuite assuré aux enquêteurs avoir suivi un entraînement terroriste au Yémen dans un camp d'Al-Qaeda. La branche du réseau dans la péninsule arabique a depuis revendiqué la tentative d'attentat.

Bien qu'avorté, l'incident a beaucoup inquiété les Américains, toujours traumatisés par les attentats du 11 septembre 2001, et provoqué la mise en place de mesures de sécurité renforcées dans les aéroports américains et du monde entier, notamment pour les vols à destination des États-Unis.

Des dizaines de noms ont été ajoutés à la liste des personnes interdites de vol vers les États-Unis.

Les défaillances du renseignement américain, qui avait été prévenu par le père du jeune Nigérian que celui-ci pouvait constituer un danger, ont conduit le président américain Barack Obama à ordonner jeudi une vaste réforme de ces services.

En endossant la responsabilité du fiasco, le président a reproché aux différentes branches impliquées d'avoir échoué à assembler et comprendre les signes montrant qu'Al-Qaeda au Yémen préparait une attaque, et parallèlement que Umar Farouk Abdulmutallab se radicalisait.

Il a mentionné la nécessité pour le renseignement de systématiquement «enquêter sur toutes les pistes concernant des menaces prioritaires», de faire circuler «plus rapidement» les rapports sur ces menaces et de renforcer ses capacités d'analyse.

Umar Farouk Abdulmutallab, fils d'un banquier nigérian, avait réussi à embarquer à bord du vol de Northwest Airlines avec des explosifs sans être repéré, alors que son nom figurait sur la liste élargie dite TIDE (environ 500 000 personnes) des personnes à risque.

Le jeune homme a été sévèrement brûlé lors de sa tentative. Il a passé plusieurs jours à l'hôpital puis a été transféré dans un centre de détention fédéral à Milan, au Michigan.