La secrétaire d'État américaine Hillary Clinton a plaidé vigoureusement mercredi pour une aide au développement plus efficace, vitale selon elle pour la stabilité du monde et la sécurité des États-Unis, particulièrement en période de menace terroriste accrue.

Libérer les pays pauvres de la misère «est aujourd'hui un impératif stratégique, économique et moral, aussi crucial que la diplomatie et la défense pour les intérêts américains et pour résoudre les problèmes du monde», a-t-elle lancé dans un discours-programme prononcé à Washington.

L'objectif d'un monde «plus sûr, prospère, démocratique et équitable» est illusoire quand «le tiers de l'humanité» ne fait que survivre, a argué la diplomate en chef du président Barack Obama.

«Nous ne pouvons pas arrêter le terrorisme ou vaincre les idéologies violentes et extrémistes», a-t-elle poursuivi, «quand des centaines de millions de jeunes font face à un avenir sans emplois, sans espoir, et sans moyen de rattraper le monde développé».

Le budget fédéral consacré à l'aide internationale atteint quelque 53,9 milliards de dollars pour 2010, en hausse de 9% par rapport à 2009. Il est distribué en grande partie via l'agence d'aide au développement USAID et le Millenium Challenge Corporation (MCC), un programme d'aide gouvernemental assorti de conditions de bonne gouvernance.

S'y ajoutent divers fonds spécialisés, tels que PEPFAR, consacré au sida, qui bénéficiera de pas moins de 63 milliards de dollars dans les six prochaines années, ou un plan pour la sécurité alimentaire d'un montant initial de 3,5 milliards de dollars.

Mme Clinton n'a fait qu'effleurer ces chiffres mercredi, concentrant son propos sur des «principes d'action» visant à renforcer l'efficacité de l'argent du contribuable américain dépensé à l'étranger.

Elle a insisté dans cette perspective sur «le formidable retour sur investissement» des microfinancements accordés aux femmes, pour lesquelles des programmes spécifiques seront conçus.

L'administration Obama promet aussi de substituer le «partenariat» au «mécénat» et ne plus «dicter des solutions de loin». Et l'aide américaine ciblera un nombre réduit de secteurs-clé: la santé, l'agriculture, la sécurité, l'éducation, l'énergie et la gouvernance locale.

La secrétaire d'État veut faire du développement un pilier de la politique étrangère américaine, à parts égales avec la diplomatie et la défense --"les trois D», a-t-elle insisté mercredi.

Les diplomates seront mis à contribution pour coordonner l'effort, mais aussi pour convaincre les pouvoirs locaux de soutenir les programmes mis en oeuvre dans leurs pays, en particulier ceux s'adressant aux porteurs du VIH et aux réfugiés.

L'Amérique a «cruellement besoin de meilleurs résultats en matière de développement», soulignait avant le discours l'entourage de Mme Clinton, en notant les exemples explosifs du Yémen, du Pakistan ou de l'Afghanistan, trois pays en proie à l'extrême pauvreté.

En Afghanistan, l'effort militaire accru s'est accompagné en 2009 d'un triplement du nombre d'agronomes, de juristes et d'autres experts civils américains.

Carol Lancaster, ancienne directrice-adjointe d'USAID désormais universitaire, doute que les ambitions affichées mercredi «transforment la diplomatie américaine». Mais Mme Clinton, commente pour l'AFP cette experte, est sans doute «la secrétaire d'État qui connaît le mieux et s'intéresse le plus aux questions de développement qu'on ait jamais eu».

L'intérêt porté aux femmes, souligne-t-elle, «sera l'un des éléments marquants» de son passage à la tête de la diplomatie américaine.