Le président Barack Obama a demandé des comptes mardi à ses services de renseignement après l'échec «inacceptable» qu'a constitué l'attentat manqué contre un avion, dont l'auteur présumé a séjourné au Yémen pendant le mois de décembre.

«Un échec du dispositif s'est produit, et je considère que c'est totalement inacceptable», a affirmé M. Obama, qui a interrompu pour la deuxième journée consécutive ses vacances à Hawaii (Pacifique) pour s'exprimer sur la tentative d'un jeune Nigérian de faire sauter le vol 253 de la compagnie Northwest reliant Amsterdam à Detroit le jour de Noël.

Le président a souligné en particulier que le suspect, Umar Farouk Abdulmutallab, avait été autorisé à prendre l'avion alors que son père avait alerté des diplomates américains sur la radicalisation de son fils.

«Ces alertes auraient dû déclencher des signaux, et le suspect n'aurait jamais dû être autorisé à monter à bord», a remarqué M. Obama.

Le père du Nigérian avait averti la CIA que son fils s'était radicalisé, mais cette information n'a pas été assez diffusée au sein des services de renseignement, ont rapporté les médias américains mardi.

Plus de huit ans après les attentats meurtriers du 11-Septembre qui avaient provoqué un renforcement considérable des mesures de sécurité, les enquêtes préliminaires diligentées après l'attentat manqué de vendredi ont débouché sur de «graves inquiétudes» et mis en évidence des «déficiences», a-t-il reconnu.

«Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir afin de soutenir les hommes et les femmes travaillant dans le renseignement, la police et la sécurité nationale, pour qu'ils disposent de toutes les ressources dont ils ont besoin pour assurer la sécurité des Etats-Unis», a promis le président.

«Mais c'est aussi mon devoir de faire en sorte que nos services de renseignement, de police et de sécurité nationale, et leurs membres, travaillent avec efficacité et rendent des comptes», a remarqué M. Obama, assurant qu'il «insistera(it) sur la responsabilité à tous les niveaux».

Plus tôt mardi, le Yémen avait confirmé que Umar Farouk Abdulmutallab résidait encore à Sanaa quelques jours avant sa tentative d'attentat.

Le Nigérian de 23 ans «a séjourné au Yémen entre début août et début décembre, après avoir obtenu un visa pour étudier la langue arabe dans un institut de Sanaa où il avait suivi auparavant des cours», a indiqué la diplomatie yéménite.

Pour mener à bien son projet, quelques minutes avant que l'avion atterrisse à Detroit, M. Abdulmutallab voulait utiliser de la penthrite (PETN), un explosif de la famille de la nitroglycérine, en la mélangeant à un produit contenu dans une seringue.

Le Nigérian aurait caché quelque 80 grammes de cette poudre dans une petite poche d'environ 15 cm de long cousue au milieu de son slip, indiquent des clichés obtenus par les médias américains auprès du FBI, la police fédérale.

Al-Qaïda dans la Péninsule arabique a revendiqué cet acte lundi, le présentant comme «une réplique directe à l'injuste agression américaine».

Lors de son séjour au Yémen, Umar Farouk Abdulmutallab aurait été entraîné dans le réseau d'Oussama ben Laden, selon les médias américains, qui affirment qu'il a fait ces déclarations au FBI après son arrestation.

Le président américain Barack Obama aurait été averti mardi de nouvelles informations suggérant l'existence d'un lien entre Al-Qaïda et la tentative d'attentat, a indiqué un haut responsable américain.

Ce musulman, fils d'un riche banquier et étudiant brillant, n'avait pourtant rien de suspect selon ses camarades d'un institut de langue arabe qu'il fréquentait à Sanaa.

Habitant dans une résidence étudiante, il «ne s'isolait pas. Il côtoyait les filles et se comportait d'une façon normale», a déclaré à l'AFP une étudiante américaine qui a requis l'anonymat.

Un responsable de l'Institut des langues a affirmé que M. Abdulmutallab avait été dans cet établissement «de la mi-août à la mi-septembre». «Nous ne savons pas où il a passé le reste de son séjour».

«Il se comportait normalement. Il ne montrait aucun signe de fanatisme», a-t-il encore dit, alors que le Washington Post et la chaîne CBS faisaient état de messages apparemment mis en ligne par le suspect sur des forums internet islamiques, dans lesquels il épanchait ses rêves de voir les musulmans «diriger le monde».

Selon CBS, Farouk1986 a publié en 2005 un message expliquant qu'il avait des «rêves de jihad». Un responsable du gouvernement américain a toutefois indiqué au Post sous le couvert de l'anonymat que l'authenticité des messages était en cours de vérification.

Le Yémen a pour sa part souligné qu'il demeurait «un partenaire actif de la communauté internationale dans la guerre contre le terrorisme», assurant que «les services de sécurité yéménites poursuivront leurs opérations et leur traque permanente des terroristes d'Al-Qaïda».