Le psychiatre militaire Nidal Hasan, accusé d'être l'auteur de la fusillade de la base militaire de Fort Hood (Texas) en novembre, avait évoqué en 2008 le meurtre d'Américains avec un imam, a affirmé ce dernier dans une interview à Al-Jazeera.

Cette interview de l'imam américano-yéménite Anwar al-Aulaqi a été publiée mercredi sur le site internet en arabe de la chaîne de télévision.

Ce dernier y affirme que Nidal Hasan et lui ont discuté par courriels pendant plus d'un an sur le fait de savoir si le psychiatre de 38 ans, commandant dans l'armée américaine, était en droit de tuer des militaires américains et des civils israéliens.

Nidal Hasan est accusé d'avoir tué 13 personnes et d'en avoir blessé 42 autres sur la base militaire de Fort Hood, le 5 novembre. Paralysé des membres inférieurs après avoir été touché dans la fusillade, il devrait être jugé devant une cour martiale.

«Le premier message que j'ai reçu de Nidal date du 17 décembre 2008», affirme l'imam, précisant que c'est Hasan qui a pris contact avec lui. «Il posait des questions sur le fait de savoir si tuer des soldats et des officiers américains était légitime», explique-t-il.

Les liens entre les deux hommes faisaient déjà l'objet d'une enquête mais cette interview semble indiquer que le psychiatre d'origine palestinienne envisageait depuis longtemps de s'en prendre à ses collègues de l'armée.

Aulaqi, un prédicateur musulman né aux Etats-Unis mais qui vit aujourd'hui au Yémen, a dit avoir rencontré Nidal Hasan il y a neuf ans au centre islamique Al-Hijrah de Washington et avoir entamé une correspondance avec lui après avoir quitté les Etats-Unis.

«Le premier message portait sur les règles s'appliquant à un soldat musulman au sein de l'armée américaine qui tue ses collègues (soldats)», raconte Anwar al-Aulaqi. «Et dans un groupe de messages, Nidal expliquait ses vues sur le fait de tuer des civils israéliens. Il était pour», ajoute-t-il.

Aulaqi dément avoir suggéré à Nidal Hasan l'attaque de Fort Hood, mais dit soutenir ses actes, expliquant qu'ils sont le résultat de griefs de longue date contre l'armée américaine.

«Nidal a choisi une cible militaire à l'intérieur des Etats-Unis, rien d'autre», dit-il, affirmant: «Je n'ai pas recruté Nidal Hasan, et en réalité c'est l'Amérique qui l'a recruté, par ses crimes et ses injustices, et c'est quelque chose que l'Amérique ne veut pas reconnaître».