La décision d'envoyer 30 000 soldats américains en renfort en Afghanistan aura été jusqu'ici «la décision la plus difficile» du président Barack Obama depuis son arrivée à la Maison Blanche, a-t-il reconnu dans un entretien diffusé dimanche par la chaîne américaine CBS.

Il s'agissait de la première interview de M. Obama depuis qu'il a dévoilé sa nouvelle stratégie pour l'Afghanistan lors d'un discours à la prestigieuse Académie militaire de West Point le 1er décembre.

«Il n'y a pas d'autre discours que j'ai prononcé qui m'ait à ce point pris aux tripes», a expliqué le président en évoquant ce discours adressé à des Américains de plus en plus hostiles à la guerre, huit ans après l'invasion du pays.

Interrogé sur le fait de savoir si cette décision qui était très attendue avait été la plus ardue de sa jeune présidence, il a répondu: «absolument».

«C'était probablement le discours le plus émouvant que j'aie fait. Parce que je regardais un groupe de cadets dont certains allaient être déployés en Afghanistan. Il se peut qu'il y en ait qui ne reviennent pas», a ajouté M. Obama.

M. Obama a également déclaré à l'émission «60 minutes» que l'expérience d'avoir assisté à des funérailles de soldats tombés en Irak et en Afghanistan l'avait profondément marqué. «Il n'y a rien de plus profond. Et j'ai la solennelle obligation en tant que chef des armées de prendre les bonnes décisions», a déclaré M. Obama.

Le président des États-Unis a mis en garde contre tout triomphalisme vis-à-vis de la guerre, une notion qui a prévalu durant l'administration de son prédécesseur George W. Bush.

«Il y avait une tendance à dire: "On peut le faire (...). Un exercice pour la gloire" alors qu'en fait, c'est une tâche ardue», a souligné le président.

Dans cet entretien, le président se défend aussi contre ceux qui critiquent son annonce d'un début de retrait à partir de juillet 2011.

Sans date limite, «le message que nous envoyons aux Afghans serait toujours le même, c'est-à-dire que nous nous engageons sans limite de temps et que tout est dans l'ordre des choses», a dit M. Obama.

Le président a en outre affirmé que les États-Unis auraient besoin de «davantage de coopération du Pakistan» pour lutter contre Al-Qaïda.

Les zones tribales du nord-ouest du Pakistan, limitrophes de l'Afghanistan et échappant au pouvoir d'Islamabad, sont «l'épicentre de l'extrémisme violent visant l'Occident (...) et les États-Unis», a déclaré M. Obama.

D'ici décembre 2010, l'efficacité de l'envoi des renforts en Afghanistan devra être évaluée: «si l'approche que nous avons recommandée ne marche pas, alors nous changerons de méthode», a-t-il également indiqué.

Plus de 400 soldats étrangers sont morts en Afghanistan cette année, la plupart des Américains, ce qui a fait de 2009 l'année la plus meurtrière pour les forces américaines après le début des interventions en 2001 selon le site icasualties.org.

Un contingent de 1 500 Marines doit arriver dans la province du sud de Helmand cette semaine, en tant que cohorte d'avant-garde qui doit préparer l'arrivée de milliers d'autres soldats.