On n'arrête pas le progrès... ou la cruauté, c'est selon. Si tout se déroule comme prévu, l'État de l'Ohio mettra à l'essai lundi matin une méthode d'injection inédite sur un condamné à mort, Kenneth Biros, dont le sort est comparé par ses avocats à celui d'un «cobaye».

Un seul produit sera injecté par intraveineuse au lieu des trois qui sont habituellement administrés, le premier pour anesthésier le détenu exécuté, le second pour paralyser ses muscles et le dernier pour arrêter son coeur. Âgé de 51 ans, Biros ne recevra qu'une dose létale d'un anesthésiant dont on se sert pour euthanasier des animaux. Son décès devrait survenir en moins de quinze minutes, soit environ huit minutes de plus que la méthode habituelle.

Le recours à un nouveau procédé fait suite à l'échec de l'exécution d'un condamné à mort le 15 septembre dernier dans l'Ohio. Durant deux heures, l'équipe d'exécution de cet État avait piqué Romell Broom à 18 reprises sans parvenir à trouver une veine pour fixer une intraveineuse. Le gouverneur démocrate de l'État, Ted Strickland, avait mis un terme à son calvaire en suspendant l'exécution.

Broom, 53 ans, a fait appel contre sa future mise à mort.

Le nouveau protocole d'exécution de l'Ohio prévoit une marche à suivre si l'équipe ne parvient pas à poser une intraveineuse ou si celle-ci fait défaut durant l'exécution. Un infirmier doit alors administrer par injection intramusculaire une dose massive de deux autres produits -un sédatif et un antidouleur. Selon les nouvelles règles, l'équipe peut répéter cette étape trois fois afin d'obtenir le but recherché.

«Il s'agit d'une méthode unique dans le pays, et nous devrions l'utiliser pour l'exécution de Kenneth Biros, le 8 décembre, sauf action judiciaire», a déclaré Julie Walburn, porte-parole des autorités pénitentiaires de l'Ohio, pendant une conférence de presse à la prison de Lucasville dans laquelle se trouve la chambre d'exécution de l'État.

«Nous sommes le premier État dans le monde à adopter une méthode utilisant un seul produit et à prévoir une solution de recours.»

Les avocats de Biros tentent d'obtenir un sursis pour leur client, faisant valoir que le nouveau procédé n'a jamais été utilisé «dans aucun autre pays civilisé» et que l'essai de l'Ohio s'apparente à une «expérimentation humaine». L'an dernier, l'un d'eux avait cependant plaidé en faveur de l'adoption d'un «protocole destiné à provoquer la mort par surdose d'anesthésiant».

Kenneth Biros a été condamné à mort pour le meurtre d'une jeune femme de 22 ans, Tami Engstrom, en 1991. Il avait disséminé des parties de son corps dans l'Ohio et en Pennsylvanie après lui avoir offert de la raccompagner chez elle à la sortie d'un bar. Le condamné à mort a pris son dernier repas à 16h dimanche. Il avait commandé une pizza extra fromage garnie d'oignons, de champignons et de poivrons verts, des rondelles d'oignons frites, des chips Doritos, une tarte aux cerises, une crème glacée aux bleuets et un Dr. Pepper. Il doit être exécuté à 10h lundi matin.