Les Etats-Unis ignorent où se trouve le chef d'Al-Qaïda, Oussama ben Laden, et manquent d'informations fiables «depuis des années» pour le localiser, a affirmé dimanche le secrétaire américain à la Défense Robert Gates à la chaîne de télévision ABC.

A la question de savoir si le Pakistan faisait assez pour capturer le chef du réseau terroriste, M. Gates a répondu: «On ne sait pas où Oussama ben Laden se trouve. Si on le savait, on serait allé le chercher».

Invité à préciser quand les services de renseignement américains avaient localisé Ben Laden pour la dernière fois, il a répondu: «Je pense que cela fait des années».

Par ailleurs, le secrétaire à la Défense n'a pas été en mesure de confirmer l'information selon laquelle un taliban détenu au Pakistan avait affirmé savoir où se trouvait Ben Laden début 2009.

Une prime de 50 millions de dollars a été offerte par les Etats-Unis pour la capture ou la mort, ou toute information conduisant à la capture ou à la mort d'Oussama ben Laden.

Interrogé de son côté dimanche sur CNN pour savoir si les Etats-Unis prévoyaient de renouveler leurs efforts pour capturer Ben Laden, le conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, le général James Jones, a répondu: «je le pense».

Les derniers rapports du renseignement laissent penser que Ben Laden «est quelque part au Waziristan du Nord, parfois du côté pakistanais de la frontière, parfois du côté afghan, et qu'il se cache dans une région montagneuse très hostile» échappant en grande partie au contrôle gouvernemental, a expliqué le général Jones.

«Nous allons devoir nous en occuper afin de faire en sorte que (Ben Laden), un symbole important de ce que défend Al-Qaïda, soit à nouveau obligé de fuir ou soit capturé», a-t-il dit.

La plupart des experts estiment que Ben Laden se terre dans les zones tribales pakistanaises, même si certains pensent qu'une grande ville de ce pays pourrait être un meilleur refuge.

La seule certitude est qu'il a fui l'Afghanistan fin 2001 et est entré au Pakistan par le Waziristan du Nord, l'une des zones tribales semi-autonomes peuplées de Pachtounes, traditionnellement rétifs à l'autorité centrale.

Selon un rapport d'une commission du Sénat américain, fin novembre, les Etats-Unis auraient pu tuer ou capturer Ben Laden en décembre 2001 à Tora Bora, dans l'est de l'Afghanistan, mais l'administration Bush a choisi de ne pas pousser plus loin et permis sa fuite au Pakistan.

Intitulé «Tora Bora revisité: comment nous avons manqué Ben Laden et ce que cela change aujourd'hui», ce document a été rédigé par les membres démocrates de la commission des Affaires étrangères sous la houlette de son président, John Kerry, ancien candidat à la présidence en 2004.

Le rapport affirme que le commandement américain, appliquant la stratégie du secrétaire à la Défense de l'époque Donald Rumsfeld, a refusé de donner les moyens aux troupes pour finaliser la capture du chef d'Al-Qaïda, alors terré dans les grottes de Tora Bora.

Le président américain Barack Obama vient d'annoncer l'envoi de 30.000 soldats supplémentaires en Afghanistan.

Selon le rapport, trois mois après le 11 septembre, moins de 100 commandos américains étaient sur le terrain alors que du renfort était demandé pour traquer le chef d'Al-Qaïda.

Mais Donald Rumsfeld disait craindre un sentiment anti-américain si les Etats-Unis frappaient trop fort.

En décembre 2001, l'étau se resserre sur Ben Laden. La CIA sait qu'il est à portée de main dans les montagnes de Tora Bora.

Une attaque aérienne exceptionnelle est lancée. Mais cette offensive n'est pas suivie massivement et le chef d'Al-Qaïda parvient à gagner la frontière du Pakistan.

Huit ans plus tard, «Al-Qaïda s'est reconstitué et Ben Laden a survécu pour inspirer une nouvelle génération d'extrémistes», conclut John Kerry.