Spécialiste militaire à la Brookings Institution, l'un des cercles de réflexion les plus influents de Washington, Michael O'Hanlon s'est intéressé au cours des dernières années aux guerres en Irak et en Afghanistan. La Presse l'a joint hier pour recueillir ses impressions sur le discours de Barack Obama.

Q: Que pensez-vous de la nouvelle stratégie afghane du président?

R: Je pense que c'est une bonne stratégie. Elle met l'accent sur les bonnes priorités: reprendre l'initiative sur le champ de bataille et former et guider les forces de sécurité afghanes. Il faut noter que les forces américaines ne seront plus redéployées comme avant d'une région à une autre après avoir réussi à en pacifier une, de sorte qu'elles n'auront plus besoin d'y revenir pour refaire le même travail. La nouvelle stratégie met aussi l'accent sur la nécessité de réduire le nombre des victimes civiles et de créer un groupe d'experts sur l'Afghanistan au sein de l'armée. Plusieurs de ces idées avaient déjà été proposées avant le discours du président. Mais l'envoi de troupes supplémentaires permettra au général Stanley McChrystal de faire ce qu'il propose.

 

Q: Êtes-vous surpris, comme d'autres experts, par la rapidité avec laquelle le président entend déployer les renforts militaires, qui devraient tous être en Afghanistan d'ici le mois de mai prochain?

R: Je pense que c'est une bonne nouvelle. Ce sera difficile en raison de l'usure des infrastructures mais possible parce que c'est le temps que l'armée a mis l'an dernier pour déployer un nombre similaire de soldats. L'important sera d'avoir le plus grand nombre de soldats sur place pour l'été prochain, lorsque les combats reprendront.

Q: Est-ce que les renforts annoncés suffiront à atteindre les objectifs définis par le président Obama et le général McChrystal?

R: Le général McChrystal a formulé une demande de 40 000 soldats après avoir analysé de façon prudente la situation district par district et mis l'accent sur les régions du pays qu'il considérait les plus importantes. Il aurait pu demander des renforts plus importants mais il a demandé ce qu'il croyait être requis, et maintenant il reçoit les trois quarts de cela. Dans les circonstances, c'est une très bonne tournure.

Q: Que pensez-vous de l'analogie entre le Vietnam et l'Afghanistan?

R: C'est une comparaison qui m'agace, même s'il y a un parallèle dérangeant: la corruption des gouvernements locaux et leur faiblesse en général.

Q: Croyez-vous que les États-Unis peuvent se fier aux promesses d'Hamid Karzaï de lutter contre la corruption?

R: Ils (les dirigeants américains) ont réexaminé les choses et se sont dit que bien qu'il soit loin de leur idéal, c'est quelqu'un qui a fait certaines bonnes choses. Quelqu'un avec qui ils peuvent travailler et, en tout état de cause, quelqu'un avec qui ils doivent travailler, puisqu'il vient d'être réélu.