Une semaine après l'incroyable intrusion d'un couple de mondains au premier dîner officiel de la Maison-Blanche, l'audace de ces imposteurs présumés ne cesse de susciter des réactions d'incrédulité, d'opprobre voire d'inquiétude parmi les Américains.

Dans un rare mea culpa, le Secret Service, chargé de la protection du président Barack Obama, a admis dès le lendemain du dîner du 24 novembre que le couple n'était pas sur la liste des invités et aurait «dû être empêché d'entrer».

Une enquête a été ouverte sur les circonstances encore floues qui ont permis à Michaele et Tareq Salahi, couple de Virginie féru d'émissions de télé-réalité, de s'inviter au dîner donné en l'honneur du Premier ministre indien, Manmohan Singh.

Lundi, une commission de la Chambre des représentants, spécialisée dans la sécurité intérieure, a exigé la tenue d'une audition jeudi, inquiète de «la brèche ouverte dans le système de sécurité».

Les télévisions ont fait tourner en boucle l'entrée triomphale de Michaele Salahi au bras de son mari Tareq, cheveux blonds platine et sari rouge, goûtant avec un plaisir évident les crépitements des flashs dans l'antichambre de la Maison-Blanche.

La jeune femme, candidate pour participer à une déclinaison dans la capitale américaine de l'émission de télé-réalité Real Housewives qui suit la vie quotidienne de femmes aisées, selon les médias, s'est ensuite répandue avec enthousiasme sur sa page de Facebook.

Le couple s'est émerveillé de cette «soirée sensationnelle» et a diffusé les clichés d'accolades avec le vice-président Joe Biden, entre autres.

«Il y a un énorme appétit des médias pour ce genre d'histoires et nous nous rendons compte que quelqu'un peut être propulsé au centre d'un tourbillon médiatique international sans avoir fait grand chose pour y parvenir», déplore le professeur de culture populaire Robert Thompson, de l'université de Syracuse.

«On peut s'attendre à voir de plus en plus de choses de ce genre, de ces mondains assoiffés de caméras», ajoute-t-il, interrogé par l'AFP, tout en rappelant le récent canular du ballon gonflé à l'hélium. Début novembre, un couple du Colorado, également désireux de participer à une émission de télé-réalité, avait tenu le pays en haleine, en direct sur les télévisions, prétendant que leur petit garçon s'était envolé avec le ballon.

«Mais dans le cas (du dîner officiel), ils ont quand même réussi à entrer à la Maison Blanche. Que ce serait-il passé s'ils avaient eu de mauvaises intentions?», s'interroge encore le professeur Thompson, alors qu'un cliché montre l'intruse serrer la main du président des États-Unis devant le Premier ministre indien, tout sourire.

Selon plusieurs médias, le couple était suivi depuis quelques semaines par des caméras de la société de production Half Yard pour la chaîne câblée Bravo dans l'optique d'une participation à l'émission Real Housewives.

Le soir du dîner, ils étaient accompagnés par des caméras, mais celles-ci les ont quittés à l'entrée de la Maison-Blanche, croit savoir le New York Daily News.

Une personne se présentant comme leur porte-parole, Mahogany Jones, a affirmé que les deux époux avaient «une autorisation» pour assister au dîner.

Le couple a annulé son apparition attendue lundi sur la chaîne CNN, alors que plusieurs médias affirmaient qu'ils étaient en train de marchander leur interview au plus offrant.

La situation financière des époux Salahi ne serait pas au beau fixe, après une brouille familiale concernant leur entreprise viticole, selon le Washington Post.