Les armuriers voient leur chiffre d'affaires augmenter malgré la récession. « Il ne me reste pas grand-chose, mais ce qui me reste, je veux le protéger «, note un propriétaire d'arme.

À l'armurerie Gun King, dans la banlieue nord de Los Angeles, on ne s'embête pas. Les clients entrent et sortent, le livreur de FedEX arrive à la course. Les revolvers sont à peine déballés qu'ils trouvent preneur. Les paquets de munitions posés près de la caisse s'envolent comme les CD de Daniel Bélanger chez Renaud-Bray.

 

«Honnêtement, les ventes ont décollé il y a un an, durant le krach boursier», explique J.C. Smith, vendeur chez Gun King, une petite boutique indépendante situé dans Glendale, un quartier tranquille.

«Depuis, ça n'a pas arrêté.»

En période de récession, bien des entrepreneurs font des prévisions à la baisse. Pas les armuriers. Smith&Wesson, le célèbre fabricant d'armes, entend doubler son chiffre d'affaires d'ici trois à cinq ans.

L'entreprise Glock, qui fabrique des revolvers pour les corps policiers notamment, a vu ses commandes grimper de 71% pour le début de l'année 2010, par rapport à la même période l'an dernier.

Les statistiques de septembre montrent que le FBI a mené à bien plus d'un million de demandes de port d'armes à feu, une hausse de 12,4% par rapport au même mois en 2008.

Démocrates au pouvoir

Plusieurs analystes et propriétaires de magasins d'armes disent que cette hausse est due à l'arrivée des démocrates au pouvoir, un parti traditionnellement moins favorable à la libre circulation des armes à feu.

Or, il semble que la récession joue un rôle plus important encore. Le président de Smith&Wesson, Mike Golden, a noté que la hausse n'était selon lui pas liée à l'arrivée d'Obama, mais bien à la crise économique. «Le taux de chômage et le nombre de crimes sont en hausse, et les gens sont préoccupés par leur protection personnelle», a-t-il noté dans une présentation aux investisseurs.

Son entreprise affirme que 30% de ses clients durant la première moitié de 2009 ont acheté une arme pour la première fois, une hausse de 9% par rapport à l'année précédente.

Les statistiques nationales sur les crimes commis en 2009 ne seront pas connues avant l'an prochain. Actuellement, plusieurs services de police partout au pays remarquent, au contraire, que les crimes sont en baisse cette année. À Los Angeles, par exemple, les entrées par effraction ont diminué de 6% pour les 9 premiers mois de l'année 2009.

Chez Gun King, J.C. Smith concède qu'Obama n'a pas encore envoyé de signal disant qu'il voulait interdire les armes. «Le plus gros facteur, c'est l'économie, dit-il. On voit des clients qui viennent pour la première fois, des gens qui n'avaient jamais pensé acheter une arme auparavant.»

Selon lui, la crise économique a provoqué un changement de mentalité: les gens craignent d'être laissés à eux-mêmes en cas de vol ou d'attaque. «Les gens réalisent que les forces policières sont sollicitées, et que le temps de réponse peut être long. Si vous avez un fusil, et savez vous en servir, vous avez une protection immédiate, 24 heures sur 24.»

Lui-même dit avoir été frappé durement par la crise. «Personnellement, j'ai perdu toutes mes économies en Bourse, et presque tout mon fonds de retraite. Il ne me reste pas grand-chose, mais ce qui me reste, je veux le protéger.»