Barack Obama a mis fin hier à sa première visite officielle en Chine, où plusieurs grands dossiers étaient au menu tels le climat, les différends commerciaux, les droits de la personne, le yuan ou les programmes nucléaires iranien et nord-coréen. Avant même qu'Air Force One ne quitte Pékin pour Séoul, dernière étape de la tournée asiatique du président américain, les sinologues avaient déjà commencé à faire un bilan de son séjour chinois. Nous avons interviewé l'un d'eux, Dali Yang, directeur du Centre d'études de l'Asie de l'Est à l'Université de Chicago.

Q La Presse: Pensez-vous, comme d'autres, que le président Obama a quitté la Chine les mains vides?

R Dali Yang: C'est un jugement beaucoup trop simpliste. Le fait est que les présidents chinois et américain se rencontrent assez souvent et l'on ne peut s'attendre à ce qu'ils annoncent de grands accords comme c'était le cas à une certaine époque. Le plus important est d'entretenir la relation. Et il faut dire que le président Obama a également réalisé des progrès dans plusieurs dossiers. 

Q Lesquels?

R Il semble y avoir eu un mouvement réel sur le climat, et plus particulièrement sur les énergies propres. Les deux pays se rendront à Copenhague avec l'intention d'annoncer des engagements sur lesquels ils pourront travailler immédiatement. Je pense également que le président Obama et son homologue chinois ont eu une discussion approfondie sur le programme nucléaire nord-coréen. Enfin, le président Obama a été plus audacieux sur la question des droits de la personne que la presse américaine l'a laissé entendre.

Q Qu'en est-il du programme nucléaire iranien et du yuan, dont le taux est jugé anormalement bas par les États-Unis?

R Sur le yuan, je dirai ceci: même s'il y avait un accord entre les États-Unis et la Chine, les Chinois ne l'annonceraient pas publiquement pendant un voyage du président américain dans leur pays. Mais il est dans l'intérêt de la Chine de laisser flotter le yuan un jour ou l'autre. Quant au dossier iranien, il est évident que la Chine a sa propre position sur la question des sanctions.

Q Comment Obama est-il vu par la population chinoise?

R La plupart des Chinois à qui j'ai parlé ont été très impressionnés par le fait que le peuple américain ait pu élire un président ayant des racines afro-américaines. Ils sont aussi séduits par sa vigueur, son style. C'est sans doute pour cette raison que les dirigeants ont tout fait pour réduire au minimum ses contacts avec les gens. Ils ont peur de son charisme.

Q Pouvez-vous comparer l'approche du président Obama à l'égard de la Chine à celle de ses deux prédécesseurs?

R Dans l'histoire récente, chaque président a connu des difficultés avec la Chine dans sa première année, que ce soit George W. Bush, Bill Clinton ou même Ronald Reagan. Dans ce contexte, Obama a amorcé sa relation avec la Chine du bon pied. Le communiqué commun qu'il a présenté avec Hu Jintao constitue d'ailleurs un précédent qui servira de repère au cours des prochaines années. En somme, je dirais qu'Obama est en avance sur ses prédécesseurs à ce stade-ci de sa présidence dans sa relation avec la Chine.