Des proches du président américain Barack Obama dessinent la genèse des «obstacles», mais aussi les «erreurs» commises depuis dix mois par son administration dans la gestion de la fermeture de la prison de Guantanamo, pour l'instant repoussée sine die.

Un rapport publié cette semaine par le Center for American Progress, un groupe de réflexion à Washington présidé par John Podesta qui a dirigé l'équipe de transition de M. Obama entre son élection le 4 novembre 2008 et sa prise de fonctions le 20 janvier 2009, effectue également des recommandations. Maintenant que l'administration a admis au plus haut niveau qu'elle ne parviendrait pas à tenir sa promesse de fermer la prison le 22 janvier 2010, l'auteur du rapport, Ken Gude, suggère qu'elle se fixe une nouvelle date butoir au mois de juillet.

Il conseille également que ceux des actuels 215 détenus du camp de Guantanamo qui auraient été condamnés par un tribunal soient enfermés dans des prisons de haute sécurité américaines et ceux qui «resteraient en détention militaire soient transférés à Bagram, en Afghanistan».

Plus de 600 hommes sont enfermés à Bagram, une prison insalubre située au nord de Kaboul, jusqu'ici sans savoir quels faits leur sont reprochés et sans aide d'aucun avocat.

«Guantanamo n'était qu'une des nombreuses urgences auxquelles la nouvelle administration devait répondre au moment où elle a pris ses fonctions et une fois que le décret (ordonnant la fermeture dans l'année, ndlr) a été signé, les responsables de l'administration se sont concentrés sur d'autres priorités», résume M. Gude.

Parmi les éléments qui ont retardé la fermeture, figurent selon lui la lenteur qui accompagne toute installation d'une nouvelle administration mais aussi la surprise qu'ont eue les procureurs fédéraux chargés de réexaminer les dossiers des 242 détenus de l'époque, de les trouver «éparpillés» dans de multiples endroits.

Au-delà de ces obstacles, le gouvernement a commis «sa plus grosse erreur» lorsqu'il a demandé en avril au Congrès de débloquer 80 millions de dollars pour l'aider à financer la fermeture de Guantanamo, estime M. Gude.

Pour l'expert, il a ainsi «ouvert une brèche» dans laquelle les conservateurs se sont engouffrés. Le Congrès a finalement adopté une clause interdisant au gouvernement de faire venir un détenu sur le sol américain pour toute autre raison que son procès, après l'en avoir notifié 45 jours à l'avance.

«Il est évident que les conservateurs ne croient pas qu'enfermer des terroristes dans des prisons américaines de haute sécurité est une réelle menace», estime-t-il, mais «malheureusement ils ont gagné».

«Remettre en place les tribunaux militaires d'exception était également une grave erreur», ajoute-t-il, en référence à l'annonce au mois de mai par Barack Obama que ces tribunaux controversés allaient être conservés après avoir été réformés par le Congrès pour accorder davantage de droits à la défense.

Enfin, l'administration aurait dû faire venir très tôt dans la région de Washington les détenus chinois ouïghours qui avaient été innocentés de toute accusation de terrorisme et «n'auraient jamais dû être à Guantanamo en premier lieu». Et ceci afin de court-circuiter toute réaction du Congrès.

Aujourd'hui, quatre de ces détenus ont été accueillis par les Bermudes, six par l'archipel de Palau (Pacifique) et les sept derniers patientent toujours à Guantanamo, sans espoir de fouler un jour le sol américain.