Le président Barack Obama a entamé vendredi sa première tournée en Asie par une étape au Japon, un pays en pleine mutation qui cherche à réduire la présence militaire américaine et à se tourner davantage vers l'Asie.

Arrivé en milieu d'après-midi à Tokyo, M. Obama s'est entretenu dans la soirée avec le nouveau premier ministre de centre-gauche, Yukio Hatoyama, élu comme lui sur un programme de changement et de rupture avec le conservatisme. Le président Barack Obama a déclaré à Tokyo qu'il espérait régler «rapidement» la question du réaménagement des bases américaines à Okinawa, devenue une pomme de discorde avec le nouveau gouvernement de centre-gauche japonais.

«Nous espérons terminer cette tâche rapidement», a dit M. Obama vendredi lors d'une conférence de presse conjointe avec le premier ministre Yukio Hatoyama.

«Notre but reste le même: assurer la défense du Japon avec une intrusion minimum dans la vie des gens», a-t-il ajouté.

Un accord signé en 2006 entre Washington et Tokyo prévoit le déménagement d'une base aérienne située dans une zone urbaine d'Okinawa vers une baie isolée de l'île, mais le gouvernement de M. Hatoyama a annoncé vouloir réexaminer ce traité, signé par ses prédécesseurs conservateurs, avant de l'appliquer.

Les autorités japonaises envisagent de déplacer cette base dans une autre partie de l'archipel, voire en dehors du pays.

Une majorité des habitants de l'île d'Okinawa se disent excédés par les nuisances sonores et l'insécurité provoquées par la présence militaire américaine et refusent tout projet de construction de nouvelles bases.

M. Hatoyama a pour sa part reconnu qu'il s'agissait d'une «question difficile», mais a ajouté qu'elle «deviendra plus difficile à résoudre à mesure que le temps passe».

Désireux de réduire la présence militaire américaine sur l'île d'Okinawa (sud), qui abrite 75% des bases et la moitié des 47.000 soldats stationnés au Japon, le nouveau gouvernement remet en cause le projet de reconstruction de la base aérienne de Futenma, située dans une zone urbaine du sud de l'île, vers une baie protégée plus au nord.

Plus de 20 000 personnes ont manifesté dimanche à Okinawa contre ce projet, réclamant la fermeture de la base.

Autre sujet d'irritation pour Washington: Tokyo a annoncé l'arrêt en janvier de la mission de ravitaillement de la marine japonaise dans l'Océan Indien, qu'elle menait depuis fin 2001 pour soutenir la lutte antiterroriste américaine en Afghanistan.

En échange, le gouvernement japonais s'est engagé à fournir une aide de 5 milliards de dollars sur cinq ans pour aider à la reconstruction de l'Afghanistan.

«Le président (Obama) va les remercier pour leur engagement renouvelé en Afghanistan», a déclaré le porte-parole de la Maison-Blanche, Robert Gibbs, à bord de l'avion présidentiel Air Force One.

«Ils vont parler de l'économie mondiale, du changement climatique, ainsi que de la Corée du Nord et de la non-prolifération», a-t-il ajouté.

Le porte-parole du gouvernement japonais Hirofumi Hirano a lui aussi cherché à désamorcer toute controverse.

«J'espère que le sommet sera l'occasion de renforcer les relations de confiance entre notre premier ministre et le président. C'est notre principale priorité», a-t-il dit aux journalistes.

Plusieurs manifestations anti-américaines sont prévues vendredi et samedi dans la capitale, où plus de 16.000 policiers ont été déployés.

Samedi, le président Obama doit prononcer un discours sur l'Asie avant de déjeuner avec le couple impérial.

Il partira ensuite pour Singapour où il participera au Forum économique Asie-Pacifique (APEC).

Dimanche, il entamera une visite de trois jours en Chine et achèvera sa tournée par une étape en Corée du Sud.

«La perception commune dans la région, c'est que l'influence américaine a décliné au cours de la dernière décennie en même temps que l'influence chinoise augmentait», a observé Jeffrey Bader, haut conseiller de M. Obama pour les affaires asiatiques.

«L'un des messages que le président transmettra au cours de cette tournée, c'est que nous sommes un pays de la région Asie-Pacifique et que nous le resterons longtemps», a-t-il souligné.