Les autorités américaines ont ignoré plusieurs signes de danger concernant Nidal Hasan, le tireur qui a ouvert le feu sur la base militaire de Fort Hood, envisageant même de le licencier pour incompétence, selon des informations diffusées mardi.

Les collègues et les supérieurs de l'auteur de la fusillade qui a fait 13 morts et 42 blessés jeudi trouvaient qu'il n'était pas à la hauteur de son poste de psychiatre militaire, a rapporté la radio publique américaine NPR.

Le commandant Hasan semblait «détaché et pas intéressé» par son travail à l'hôpital militaire Walter Reed de Washington et négligeait souvent de répondre au téléphone quand il était de garde, selon des médecins cités par NPR sous couvert d'anonymat.

Sa famille a rapporté que ce musulman d'origine palestinienne était traumatisé à l'idée de combattre d'autres musulmans en Afghanistan, pays où il devait se rendre courant novembre. Il cherchait à quitter l'armée à qui il avait offert en vain de rembourser ses frais d'études.

Le psychiatre de 39 ans a finalement été muté l'été dernier et a quitté Washington pour Fort Hood où il était chargé d'apporter une aide psychologique aux soldats revenant d'Irak ou d'Afghanistan. Donné initialement pour mort dans la fusillade, il a survécu à quatre blessures par balles et est sorti du coma lundi. Il a refusé de parler aux enquêteurs et a demandé les services d'un avocat.

Selon un des responsables de l'hôpital où il travaillait à Washington, le commandant Hasan avait tenté de convertir un de ses patients à l'islam, lui expliquant que la religion le sauverait.

Ses supérieurs l'avaient averti qu'il devait améliorer son travail et son limogeage était évoqué, selon la radio. Mais les psychiatres ont expliqué à NPR qu'il était difficile de renvoyer un médecin et que son dossier ne comportait pas suffisamment d'éléments permettant d'établir une négligence.

Les responsables de l'hôpital avaient également évoqué les conséquences en termes d'image de l'éventuel renvoi de l'un des seuls membres musulmans de l'équipe.

Selon les premières conclusions de l'enquête, le suspect semble avoir agi seul, mais la police n'exclut pas la possibilité qu'il ait voulu perpétrer un attentat suicide.

Selon le Washington Post, le major Hasan avait déclaré en 2007 devant des médecins militaires que, si l'on voulait éviter «des événements négatifs», les soldats musulmans devaient être autorisés à quitter l'armée en tant qu'objecteurs de conscience.

«Pour les musulmans sous les drapeaux, il devient de plus en plus dur de justifier moralement leur présence au sein d'une armée qui semble engagée constamment contre d'autres musulmans», avait-il alors déclaré selon le quotidien américain.

Lundi soir, le FBI a révélé avoir surveillé Nidal Hasan et établi fin 2008 qu'il avait été en contact avec une personne faisant l'objet d'une enquête antiterroriste.

Ce contact entrait dans le cadre de son travail de psychiatre à l'armée, a indiqué la police fédérale, précisant que «rien de négatif n'avait été trouvé». Les enquêteurs «avaient conclu que le commandant Hasan n'était pas impliqué dans des activités terroristes ou la préparation (d'activités) terroristes».

Selon le Washington Post, les enquêteurs examinent de possibles liens entre Hasan et Anwar al-Aulaqui, un imam considéré comme un fervent soutien d'Al-Qaeda depuis qu'il a quitté les États-Unis pour le Yémen en 2002. En 2001, Hasan fréquentait la mosquée de cet imam, qui aurait eu des liens avec deux des terroristes du 11 septembre 2001, précisait le journal.