Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a passé une heure 40 à la Maison Blanche lundi soir, mais ses entretiens avec le président Barack Obama ont été entourés d'un huis clos total qui en dit long sur les crispations entre les deux grands pays alliés.

La Maison Blanche s'est contentée d'un compte rendu de trois phrases rapportant que MM. Obama et Netanyahu avaient «discuté de l'Iran et de la manière de faire avancer la paix au Proche-Orient», sans plus de détails.

M. Obama a réaffirmé le «ferme engagement» américain à assurer la sécurité d'Israël, a-t-elle dit.

M. Netanyahu est arrivé à la Maison Blanche juste avant 19h00 et en est reparti à 20h40, sans dire un mot à la presse qui ne l'a aperçu que brièvement à son arrivée et son départ en voiture.

Comme prévu, à aucun moment les deux dirigeants ne sont apparus ensemble devant la presse, fait exceptionnel pour une rencontre entre le président américain et un haut dirigeant étranger, a fortiori quand il s'agit du Premier ministre israélien.

Le délabrement de l'édifice de paix israélo-palestinien était déjà apparu avant la rencontre: l'Autorité palestinienne a dit craindre un déchaînement de violence, M. Netanyahu a protesté de la bonne volonté israélienne et la Maison Blanche a tâché de présenter sous une lumière pas trop défavorable les discussions prévues entre M. Obama et M. Netanyahu.

Nabil Abou Roudeina, porte-parole de l'Autorité palestinienne, a mis en garde contre un nouvel embrasement «si l'Amérique continue à se montrer incapable d'assumer le rôle qu'on attend d'elle».

«La violence va exploser pour combler le vide causé par l'échec des efforts pour relancer le processus de paix si l'administration américaine ne fait pas rapidement pression sur le gouvernement israélien», a-t-il dit à l'AFP.

«Je dis aujourd'hui à Mahmoud Abbas, le dirigeant de l'Autorité palestinienne: saisissons l'occasion de conclure un accord historique. Commençons les discussions immédiatement», a répondu M. Netanyahu devant des organisations juives à Washington avant d'être reçu par M. Obama.

Pour la presse israélienne, l'invitation de dernière minute à la Maison Blanche relevait de la rebuffade.

M. Obama ferait ainsi payer à M. Netanyahu l'état des efforts de paix entre Israéliens et Palestiniens et l'embarras qu'il représente pour son administration.

Toute l'énergie déployée par l'administration Obama s'est heurtée au refus de M. Netanyahu de geler complètement la colonisation, gel sans lequel les Palestiniens refusent de reprendre les tractations.

L'insistance initiale de l'administration à réclamer un tel gel, puis son fléchissement devant la résistance de M. Netanyahu ont été perçus comme une sérieuse erreur de calcul.

«Aucun gouvernement israélien ne s'est montré plus disposé à réfréner les activités de colonisation», a dit M. Netanyahu.

Le porte-parole de M. Obama, Robert Gibbs, a, lui, assuré que l'administration américaine continuait à réclamer un gel complet de la colonisation.

L'administration Obama se débat avec les retombées de propos tenus par la secrétaire d'Etat Hillary Clinton en Israël fin octobre. Elle avait provoqué la consternation chez les Palestiniens et les Arabes et renforcé l'impression d'une diplomatie américaine en plein désarroi en saluant une offre de M. Netanyahu, non pas d'arrêter complètement, mais de limiter la colonisation.

Depuis lors, la frustration palestinienne s'est exprimée encore plus bruyamment dans la décision de M. Abbas, interlocuteur des Israéliens et des Américains depuis des années, de ne pas se représenter à la tête de l'Autorité palestinienne en janvier.