Un frère de l'officier qui a fait feu sur la base de Fort Hood (Texas), affirme que le psychiatre est une personne d'ordinaire paisible, et demande à ce qu'il soit jugé de manière équitable.

Eyad Hasan a écrit dans un mail échangé samedi qu'il comptait que les autorités informent sa famille sur l'état physique du commandant Hasan, blessé de quatre balles de Beretta par un policier. Il souhaite que son frère bénéficie d'un avocat lorsqu'il reprendra conscience.

D'après un rapport médical, Hasan n'est plus placé sous respiration artificielle, mais doit rester en soins intensifs. Un porte-parole de l'Armée, le colonel John Rossi, n'est pas certain que le suspect puisse communiquer. Il a été transféré au centre médical Brooke de San Antonio (Texas), à 240 km au sud-ouest du lieu du drame.

Le frère du tueur présumé soutient que Nidal Malik Hasan n'avait jamais commis d'actes de violence auparavant, et qu'il éprouve de la compassion pour autrui. Eyad Hasan ajoute que sa famille prie pour ceux qui ont été affectés par «les horribles événements survenus à Fort Hood».

Treize personnes ont été tuées et 29 blessées.

«J'ai connu mon frère Nidal comme quelqu'un de pacifique, aimant et soucieux des autres, et montrant un grand intérêt pour le domaine de la médecine et l'assistance aux autres», déclare son frère Eyad, qui vit à Sterling en Virginie. «Il n'a jamais commis un acte violent et était connu pour être un citoyen bon et respectueux des lois», ajoute-t-il.

D'autres personnes des alentours se souviennent d'un voisin agréable, qui avait pardonné un soldat de sa connaissance qui avait arraché du pare-choc de sa voiture un autocollant proclamant «Allah est amour».

Un de ses supérieurs au centre médical de l'armée Darnall de Fort Hood, le colonel Kimberly Kesling, décrit un homme calme, avec une solide éthique professionnelle, qui soignait bien ses patients.

Néanmoins, dans les jours qui ont précédé son acte de folie, une autre identité apparaît, celle d'une personne opposée à toute force aux guerres d'Irak et d'Afghanistan, qui tentait d'échapper à son enrôlement sur un théâtre de guerre, et tourmenté au quotidien dans son métier de psychiatre militaire.

Discriminations

«Il disait qu'en tant que musulman fidèle à ses prières, il subissait des discriminations et n'était pas traité comme il aurait convenu pour un officier et un Américain» a déclaré à l'Associated Press son cousin palestinien Mohammed Malik Hasan, âgé de 24 ans, qui vit près de Ramallah en Cisjordanie. «Il avait embauché un avocat pour être déchargé de ses responsabilités», selon lui.

Un étudiant qui l'a connu avait noté quelque chose de bizarre chez Hasan et lui avait signalé, rapporte Osman Danquah, membre de la communauté musulmane de Killeen au Texas. Des coreligionnaires se sont plaints de lui parce qu'à leurs yeux, il faisait de la «propagande anti-américaine» auprès des autres étudiants. Mais la crainte de paraître discriminer un étudiant musulman aurait empêché les officiers de le dénoncer formellement dans un rapport écrit.

Deux fois cet été, il lui avait demandé comment parler à des soldats mal à l'aise à l'idée de combattre d'autres musulmans, affirme Danquah, autorité de la communauté musulmane de Killeen (Texas). Ce sergent-chef en retraite, ancien de la guerre du Golfe, aurait rappelé à Hasan que les soldats se portent volontaires pour aller faire la guerre, et que des musulmans en combattent d'autres en Afghanistan, au Pakistan ou dans les Territoires palestiniens.

«Mais si une personne a le sentiment que ce n'est pas bien?» avait poursuivi Hasan. Sa réponse ne le satisfaisait pas, a estimé l'ancien combattant, qui a ensuite recommandé à la communauté religieuse de Fort Hood de ne pas faire du commandant Hasan un dirigeant laïc de la mosquée locale.

«Rétrospectivement, je ne suis pas surpris qu'il l'ai fait», note aussi le Dr Val Finnell, qui avait assisté à un exposé de Hasan dans lequel il «justifiait les attaques suicides», d'après lui, et soutenait que la guerre des Etats-Unis contre le terrorisme était «une guerre contre l'Islam».

Bernard Rotsker, un spécialiste du recrutement pour l'armée à Rand Corp., souligne que Hasan devait fatalement être promu, à moins que son dossier ne présente de sérieux points noirs. «Nous manquons d'officiers, notamment à ce niveau de commandant ou de lieutenant-colonel, à cause de la guerre, et nous n'avons pas assez de psychiatres» indique cet ancien secrétaire adjoint à la Défense de l'administration Clinton chargé des questions de personnel militaire et de préparation à la guerre.