Un voisin généreux, un client souriant, un homme sur qui l'on pouvait compter. Les gens qui ont côtoyé le major Nidal Malik Hasan ont décrit un homme agréable et intelligent, hier.

Mais le psychiatre de 39 ans avait aussi montré des signes de détresse. Durant des cours de santé publique, en 2007, Hasan avait affirmé à ses collègues que la guerre contre le terrorisme était une guerre contre l'islam, et soutenait que les musulmans étaient persécutés dans l'armée.

 

Cette année, sa performance au travail à l'hôpital militaire Walter Reed, à Washington, a été jugée si mauvaise que ses supérieurs l'ont muté à Fort Hood, au Texas, pour lui permettre de «repartir à zéro».

Hier, l'ancien directeur médical du Pentagone, S. Ward Casscells, a dit aux médias que l'armée aurait à expliquer cette décision.

«Est-ce que l'armée a raté des signaux d'avertissement? Je crois que c'est une question légitime», a-t-il dit.

M. Casscells affirme ne pas croire qu'Hasan était motivé par la religion. «J'ai parlé à des gens qui l'ont côtoyé, et personne ne pense qu'il s'agit de stress post-traumatique, ou d'une guerre de religion. On a affaire à un homme solitaire, un mésadapté. C'est un homme qui a eu une mauvaise évaluation, qui a perdu la confiance de ses collègues et qui a trouvé refuge dans la religion.»

Jeudi après-midi, Hasan a pris deux revolvers et a provoqué un carnage sur la base militaire de Fort Hood. Treize personnes sont mortes, et trente autres ont été blessées. Hasan reposait dans le coma hier, et était maintenu en vie grâce à un respirateur. Les médecins ne craignent pas pour ses jours.

L'agente Kimberly Munley, qui dirigeait le trafic sur la base au moment du drame, a tiré sur Hasan, mettant fin au carnage. Elle a été blessée à la taille et aux poignets durant la fusillade, des blessures qui ne mettent toutefois pas sa vie en danger.

Hier, des voisins d'Hasan ont dit que l'homme avait fait ses adieux avant le drame. Patricia Villa, qui habite dans le même complexe d'appartements à Killeen, au Texas, a dit qu'Hasan lui avait donné plusieurs objets personnels, dont un Coran neuf, du brocoli et des épinards congelés, mercredi et jeudi matin, affirmant qu'il allait être envoyé en Afghanistan vendredi (hier).

Jeudi, Hasan a aussi laissé un message dans la boîte vocale d'un autre voisin, Willie Bell, le remerciant d'avoir été «un ami loyal et présent».

Hier, le chef d'état-major de l'armée américaine, le général George Casey, a dit que la tragédie était «un coup bas» pour les militaires. Il a dit avoir ordonné aux dirigeants militaires d'être sur le qui-vive.

«J'ai demandé à nos leaders partout au pays de regarder leurs installations, de voir ce qui se passe et d'ajuster leurs forces de protection. Je crains des représailles à l'endroit des soldats musulmans dans l'armée», a-t-il dit.

Le président américain Barack Obama a invité la population à «ne pas sauter aux conclusions» dans le dossier de la tuerie de Fort Hood. «Nous n'avons pas toutes les réponses à l'heure actuelle», a dit M. Obama, qui doit se rendre à Fort Hood au cours des prochains jours.

Tuerie en Floride

Hier, les États-Unis ont été secoués par une autre tuerie, celle-là survenue en Floride. Le suspect, Jason S. Rodriguez, 40 ans, a fait irruption dans son ancien lieu de travail et a ouvert le feu. Une personne est morte et cinq autres ont été blessées. Rodriguez s'est enfui chez sa mère, où les policiers l'ont arrêté.

Rodriguez, un ingénieur, avait été congédié de l'entreprise Reynolds Smith&Hill en 2007 pour des problèmes de performance au travail. L'homme avait récemment déclaré faillite.