L'homme qui a ouvert le feu vendredi à Orlando dans son ancienne entreprise était tellement endetté qu'il ne trouvait pas de quoi aller rendre visite à son fils à 30 minutes de son domicile, selon les enquêteurs.

Il avait été licencié il y a deux ans de la société d'ingénierie dont il a tué le patron et blessé cinq employés. Jason Rodriguez reprochait à ses anciens collègues de l'avoir laisser tomber, «laissé pourrir» selon ses mots.

Le quadragénaire gagnait moins de 30 000 dollars par an dans une sandwicherie Subway, mais devait en rembourser trois fois plus, d'après ce qu'il a déclaré à un juge chargé des situations de surendettement.

D'après sa belle-mère, America Holloway, l'homme depuis divorcé aurait jeté les affaires de sa fille dans la rue, après l'avoir malmenée à maintes reprises. Il aurait déclaré à son fils qu'il ne pouvait pas venir le voir, faute d'argent, n'avoir plus d'emploi et même pas de quoi se payer à manger.

D'après ce qu'il a dit aux policiers qui l'interrogent, Rodriguez était convaincu qu'il avait été licencié injustement et que la firme l'avait présenté à tort comme incompétent. Il pensait de plus que la société Reynolds, Smith et Hills empêchait qu'il puisse toucher des allocations de chômage. Il était ingénieur débutant, chargé de dessiner des projets en matière de transport, et n'avait pas donné satisfaction d'après son ancien employeur.

«C'est un mystère pour nous, a affirmé le conseiller juridique de la firme, estimant que Rodriguez n'avait pas montré de fort ressentiment concernant son licenciement. Nous ne savons pas ce qu'il a fait et où il a été depuis deux ans et demi» a ajouté le juriste, Ken Jacobson.

À la sandwicherie où il avait travaillé ensuite, après un an et demi sans travail, on ne lui donnait pas autant d'heures qu'il aurait souhaité, d'où son inscription récente au chômage, a expliqué le suspect aux policiers en s'excusant de sa conduite.

Branle-bas de combat

«Le tireur a été arrêté, donc la population est en sécurité», a déclaré le maire de la ville, Buddy Dyer, lors d'une conférence de presse, après que le centre de la ville eut été bouclé pendant plusieurs heures par la police à la recherche du suspect.

De son côté, la chef de la police de la ville, Val Demings, a expliqué que la fusillade avait fait un mort et cinq blessés par balles. Une sixième personne a été hospitalisée pour des douleurs à la poitrine, a-t-elle ajouté.

Selon les autorités, qui n'ont pas voulu donner l'identité de la personne tuée avant de s'assurer que ses proches étaient informés, les blessés sont tous dans un état «stable».

La fusillade s'est produite au «Legions Place», un immeuble de 16 étages situé dans le centre de la ville, près de la chambre de Commerce d'Orlando et de l'hôtel Radisson.

Pendant plusieurs heures, la police, qui avait déployé son équipe de choc, le SWAT, avait pensé que le tireur, «armé et dangereux», se cachait toujours dans l'immeuble.

Mais Rodriguez a finalement été interpellé «sans incident» au domicile de sa mère par le SWAT.

Pendant la fusillade, des dizaines de personnes s'étaient barricadées dans des bureaux de l'immeuble.

«Tout le monde est dans un bureau, avec la porte barricadée par une commode. Nous sommes environ vingt ici. Nous avons peur», avait déclaré au journal Orlando Sentinel une femme bloquée dans le bâtiment, sous le couvert de l'anonymat.

«Nous regardons la télévision pour essayer de comprendre ce qui se passe, mais nous ne le savons pas. Nous avons peur. Pour l'instant nous sommes sains et saufs, mais nous avons peur», avait-elle ajouté.

La police d'Orlando, où se trouve le célèbre parc d'attractions de Disneyworld, avait bouclé la zone, survolée par un hélicoptère des forces de l'ordre, selon des images diffusées par les télévisions américaines.

Des policiers, certains équipés de fusils d'assaut, ont quadrillé la zone, tandis que le trafic était bloqué autour du quartier où s'est produit la fusillade, cerné par des dizaines de voitures des forces de l'ordre.

Cette fusillade survient au lendemain de la plus grave tuerie jamais enregistrée sur une base militaire américaine, qui a fait 13 morts et 28 blessés.

Les motivations qui ont poussé le commandant Nidal Malik Hassan, un psychiatre de l'armée âgé de 39 ans, à ouvrir le feu jeudi sur ses camarades sur la base militaire de Fort Hood restaient inconnues au lendemain du drame. 

Avec AFP

Photo: AP

Le suspect dans la fusillade à Orlando, Jason Rodriguez